mercredi 27 janvier 2010

D'autres artisans du village

Nombre de petits artisans faisaient vivre le village en servant de liens entre les habitants.
En effet, on s’attardait volontiers pour discuter, commenter les derniers potins, parler du temps qu’il a fait.
Particulièrement les jours de pluie, les mains dans les poches, le temps "ne pressant pas" on évoquait les potins du village quelque fois vrais quelque fois très malicieux se prêtant au jeu du double sens.
On se retrouvait chez Yves Desvaux. Il réparait les vélos. Il était un autodidacte dans son métier. Très adroit et passionné par cette mécanique du moment, il remettait en forme tous ces engins. C’était un pince sans rire.
Voici une anecdote qu’il a fait vivre à quelques témoins.
Un beau jour, chez lui arriva un cycliste qui avait quelques ennuis avec la chaîne de son vélo. L’homme élégamment vêtu, pince pour tenir ses bas de pantalon, chemise claire et cravate. Notre mécanicien dit à cette âme en peine, après avoir renversé le vélo « Faites tourner le pédalier » Sitôt dit, sitôt fait, et catastrophe notre homme se trouva embarrassé, la cravate s’était prise dans le pédalier et la victime désespérée ne pouvait plus rien faire. Yves avec son flegme habituel dit paisiblement, « ne bougez pas, j’ai la solution ». Muni des ciseaux avec lesquels il découpait les rustines il s’approcha tranquillement. Crac, la cravate fut coupée au ras du nœud. Tout éberluée, la victime retrouva la position verticale au milieu des éclats de rire. Il regarda avec regret ce qu’on lui avait enlevé et le peu qui restait content d’être délivré et parti heureux peut être !
D’autres farces restent attachées à sa mémoire et à sa bonhommie.
Un peu plus haut, près du monument aux morts, étaient installés, dans un espace réduit, les coiffeurs Roger et Guy Billard. Père et fils assuraient la coupe des cheveux et de la barbe. Perruquier, barbier – l’un ou l’autre s’affairait qui, avec ses ciseaux et sa tondeuse – qui, avec le « coupe-chou ».

C’était le dimanche matin qu’avait lieu cette cérémonie. Ce fameux « coupe-chou » était le rasoir à main muni d’une lame tranchante affûtée sur un cuir ou sur une pierre à huile. Le manche qui se repliait à l’arrière permettait de l’avoir en main – puis ce fameux manche servait de gaine protectrice de la lame en le ramenant vers l’avant. Le visage tout barbouillé de savon à barbe le blaireau entrait en action pour frotter et répartir la mousse.
Véritables clowns blancs les clients restaient sérieux et rigides sur leur chaise. Peut être redoutaient-ils un faux mouvement de la main.

On n’a jamais entendu parler de victime !! alors… on a attendu le rasoir mécanique avec l'invention de King Camp Gillette en 1895 et son rasoir de sûreté puis le rasoir électrique.


Courcôme a connu plusieurs salons de coiffure Aymard-Trichet, Nivet.
La mode des indéfrisables avait détrôné les fers à friser.

dimanche 24 janvier 2010

Un regard sur les siècles passés

Un regard sur les siècles passés…
Il fait froid, il pleut, il neige, il fait chaud ; ce sont les éléments courants des conversations. Mais les discussions trouvent également une source intarissable dans toutes ces nouvelles lois en faveur de notre sécurité, de notre vie menacée par la pollution, de la déforestation…etc. alcool, la drogue au volant.
Regardons loin très loin derrière nous et nous pourrons constater qu’en la matière, nous avons eu des prédécesseurs fameux. Notre bon François 1er de surcroît charentais fit paraître un édit proclamant ceci : « tout homme convaincu de s’être enivré sera condamné
la 1ère fois à la prison, au pain et à l’eau ;
la 2ème fois à être fouetté dans la cour de la prison ;
la 3ème fois à être fouetté en public dans la cour de la prison ;
La 4ème fois il sera banni du royaume après amputation des 2 oreilles.

Le résultat n’est pas connu mais maintenant nous devons simplement boire ou conduire.

Que dire des radars, des mouchards dans les camions ? Ils ont aussi une origine qui pourrait remonter au XVI ème siècle. Sous François II des luttes intestines se déroulaient dans le pays entre catholiques et protestants. M. Antoine de Mouchy inquisiteur de la foi fut chargé de les réprimer avec des espions qu’il employa, connu d’abord sous le nom de mouches,et qui furent ensuite appelés des mouchards. Nos moyens modernes ne seraient-ils pas des mouchards pris par le tourbillon du progrès!

Déjà après les véhicules hippomobiles les premières voitures apparaissaient comme des monstres lancés à toute allure, donc très dangereux et on porta remède par un décret de limitation de vitesse.

Qui est « Bison futé » ?

Il est né en 1975 le 2 août à la suite d’un engorgement sans précédent de la circulation routière : un embouteillage monstre ! Le réseau français est paralysé par 600 kms de bouchons. On mit donc sur pied un plan de coordination de la circulation pendant les vacances avec la mise en place des itinéraires Bis et l’étalement des départs.

L’écologie n’est pas en reste pour en trouver une origine bien lointaine. Il faut croire que les idées germent et mettent bien longtemps à refaire surface.
Au XVIIIème siècle, ceux qui abattaient des arbres sans autorisation étaient sévèrement punis ainsi qu’en témoigne un arrêt de justice : « Condamnons Guillaume Rousseau à être attaché au carcan, par l’exécution de la haute justice, à un poteau qui sera planté sur la place publique et y demeurera un jour de marché pendant 2 heures avec cet écriteau : Cet homme est un coupeur d’arbres. Par ce fait il sera conduit aux galères du roi comme forçat pendant 3 ans ». Il n’en fallait pas plus pour devenir écologiste !!!

Et la culture bio a-t-elle quelques rapports avec le lointain ? Antoine de Saint-Exupéry a dit « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants ».Vérité des vérités, reportons nous plusieurs siècles en arrière. Nous avons hérité d’une lignée de travailleurs essentiellement manuels. Ils ne connaissaient point les engins perfectionnés, les engrais artificiels, les insecticides, les pesticides. Tout poussait naturellement, la production n’atteignait certes pas les rendements actuels mais les produits étaient sains.
L’agriculture »bio » n’existe pas vraiment puisqu’elle puise encore dans le sol, les restes de tout ce que l’on a apporté depuis des années. De plus, les mauvaises herbes reprennent le dessus et réensemencent les terrains. La récolte n’est pas suffisante et ne saurait nourrir l’humanité.
Il est déjà très tard pour s’organiser mais les prix n’ont pas attendu pour grimper.
Gardons confiance et désherbons notre jardin à la main et même à genoux s’il le faut.
M-J Pelletier

Alice continue sa découverte des vieux métiers

Ma petite Alice,
Après avoir connu l’emploi de l’aluminium pour les cuillères, fourchettes, panoplie des ustensiles de cuisine ; toi, tu connais les couverts en inox, les Guy Degrenne, avec leurs différentes formes de plats qui étincellent tout naturellement sans frotter et recommencer.
Mais dans un temps bien plus éloigné, un siècle au moins, les couverts étaient en fer ce qui rendait les fourchettes dangereuses et les cuillères étaient recouvertes d’étain.

Ainsi, il fallait se tourner vers l’étameur. C’était un petit homme de Ruffec qui passait de maison en maison, on lui confiait tout ce qui méritait d’être recouvert d’étain. Il rangeait les différents paquets à étamer dans une caisse qu’il portait au cou tenue par une lanière.

Notre étameur, rapportait quelques jours après, les objets qui avaient retrouvé leur brillant.
Sur la faïence, il exerçait aussi son talent. Nos anciens disaient qu’ils faisaient « happer » leurs plats. L’artisan rapprochait les parties cassées et les scellait ensemble avec plusieurs sortes de crampons appelés « happes ». (voir détail réparation sur la photo ci-dessous)

Longue vie aux ciseaux, aux couteaux, grâce à l’aiguiseur qui passait dans le village. Plus tard, un peu plus moderne, le rémouleur travaillait dans un endroit fixe.
Le bouilleur de cru installait son alambic ambulant pour fabriquer de l’eau de vie. L’endroit où il s’établissait lui était imposé par les « rats de cave » (contrôleurs des indirects). Pas vu, pas pris car la plupart du temps, ils ne voyaient pas tout. L’alcool s’évaporait dans la nature pour éviter les foudres de ces hommes inflexibles.
Le cordonnier ou bouissier, « le bouif » disait-on, habitait le village et il était en charge de redonner longue vie aux chaussures. Il remettait les clous aux « croquenots », aux sabots et aux « soques » (tige en cuir et semelle de bois). Il posait des « ferrasses » sous les semelles et les talons des sabots. Pendant l’occupation, on se contentait de souliers avec des semelles de bois et sommet de la perfection, elles étaient articulées.

Un métier disparu, c’est le métier de « hongreur ». Ma petite Alice, tu pourrais me dire qu’est-ce-que ce nom barbare ? Je te l’accorde. C’était un homme qui se déplaçait dans les fermes pour procéder à la castration des chevaux, des porcelets et des jeunes taureaux. Tout ce monde mâle subissait cette opération pour devenir incapable de se reproduire. Le cheval était moins fougueux, plus facile à dresser. Le petit porcelet ne deviendra plus verrat et le taureau sera un bœuf plus docile. La continuité de ce travail est à présent assurée par le vétérinaire.
Le progrès a pris le pas sur toutes ces pratiques ancestrales.
Il faut que je remette ma pendule cérébrale à l’heure d’autrefois pour écrire la suite de ces histoires.
Au revoir et à bientôt, ma chérie.

samedi 23 janvier 2010

Alice - les ravaudeuses et le laitier

Ma chérie,
Tu m’as répondu, enchantée tu étais d’avoir fait connaissance avec ce que plus jamais tu ne retrouveras dans le village.
En effet, tu ne connaitras pas non plus les « ravaudeuses ». C’étaient des femmes connaissant la couture qui allaient dans les maisons pour coudre ou raccommoder. Bien souvent la couture consistait à retourner les draps. Les draps avaient une couture au milieu et comme ils s’usaient plus vite au milieu que sur les bords, on accrochait les deux côtés ensemble et la couture se trouvait être au milieu du drap. Le peu qui restait sans être usé était transformé en torchon ou essuie-main.
La toile était solide et résistait très longtemps à l’usure. Après avoir fait les ourlets cousus mains, ces femmes de journée rapiéçaient les chemises de toile des hommes, les culottes à jambières des femmes, les cotillons de tous les jours, les caracos, les jupons de dessous, etc …
Certaines travaillaient au repassage des habits du dimanche. Elles utilisaient des fers à tuyauter les jabots de chemise, les coiffes. Le fer à repasser était chauffé au feu de la cheminée.












Ce fut la venue du fer à charbon qui transforma cette corvée en une tâche plus facile. On garnissait avec de la braise cette nouveauté qui gardait ainsi la chaleur plus longtemps.














Ces couturières d’un jour avaient pour tout matériel, des ciseaux et un dé à coudre, le reste était fourni par la maîtresse de maison. Elles étaient nourries à la ferme et bien souvent retournaient le lendemain. Le village en comptait plusieurs qui répondaient au nom d’Yda Isabeau entre autre.
Et maintenant que dirais-tu si je t’appelais au téléphone à 7 heures du matin, un jour de congé scolaire ? tu me dirais certainement que j’aurais dû te laisser dormir. Eh bien figures-toi que chaque matin à peu près à la même heure le laitier avec son petit camion découvert assurait le ramassage du lait. La plate-forme était garnie de bidons que manipulaient nos laitiers Marcel Bourbon (photo) et M. Balusseau de Charmé. Ils travaillaient pour 2 laiteries différentes situées à Luxé et à Charmé.
Dans des temps plus anciens le laitier rangeait ses bidons dans une carriole tirée par un cheval. Un coup de corne, et comme Pierrette, la fermière apportait ses seaux de lait.


Un décalitre en fer blanc servait à mesurer et le laitier inscrivait sur un carnet la quantité relevée. Le calcul du total du mois assurerait la paye. Avec l’automobile, la collecte devint plus rapide et le laitier se permettait une petite fantaisie : une tartine de grillons, un verre de vin blanc… et en route pour le prochain arrêt.

M. Marcel Bourbon

vendredi 22 janvier 2010

Alice et la Poste à Courcôme


Alice, un petit coucou de Mamie,
Avec mes amis, dont je t’ai déjà parlé, nous avons rassemblé nos souvenirs pour te raconter « la Poste ». Il y eut un temps où la poste était la seule manière de communiquer pour faire parvenir des nouvelles aux gens éloignés. Ceci se passait avant l’usage courant du téléphone et encore mieux bien sûr, d’internet.
A ce moment là, c'est-à-dire, il y a près de 80 ans on disait tout bonnement « on va à la Poste » ; le terme d’Agence Postale ne figurait pas.
De mémoire, la première occupait une pièce dans la maison qui jouxte la rue de Gensac (1). On y descendait quelques marches et on se trouvait en face de la « postière » qui s’affairait derrière une sorte de bureau de la plus grande simplicité. Point de balance électronique pour peser les colis, elle se contentait d’une balance à poids. Tamponner les lettres, distribuer les timbres, c’était son travail journalier qui lui laissait un peu de temps pour mener à bien un tricot ou des chaussettes. Elle récoltait le courrier pour le facteur. Sans précision nous avons pensé qu’elle répondait au nom de Vergnaud.
Puis, la Poste déménagea et vint s’installer à La Croix Geoffroy dans la maison actuelle de Mme Guyot (2). Là, Marie Lavauzelle héritière de cette tâche de postière accueillait la même clientèle et répétait les mêmes gestes. Mais ici, aux côtés de Marie, un tableau un peu folklorique attirait l’œil au premier abord. Près de la cheminée d’angle, assise sur une chaise basse « la Mame » somnolait tranquillement. Dans sa « dorne » sur ses genoux blottie dans son « devanteau » (tablier) Junon sa petite chienne ouvrait de temps en temps un œil curieux. Alors on savait qu’elle était vivante, car elle ne remuait ni les pattes ni les oreilles.
Après quelques années, la Poste s’installa dans un logement communal. Notre vieille voisine Marie Picaud enfourchait son vélo Solex et allait assurer son service. La nouvelle poste se situait à l’entrée de la Rue du Puits (3).


Un long bail fut entamé par Mme Janine Morin. Elle assurait outre le service postal, les liaisons par téléphone. A ce moment, il fallait passer par cette standardiste pour téléphoner. L’âge de la retraite ayant sonné, elle se retira pour laisser la place à Mme Florence Hubert que tout le monde a pu apprécier pendant de nombreuses années dans le nouveau local annexé à la Mairie. (4)
Début 2009, la nouvelle élue qui s’occupe de l’Agence Postale Communale (APC) se nomme Mlle Duguey.

Archives :
rapport Conseil Général année 1855
rapport Conseil Général année 1875 mois août



Le 12 novembre 1907 – M. le Maire expose au Conseil les nombreux avantages que présente pour la commune l’établissement d’un Facteur-Boîte et s’engage à faire une demande à l’Administration des Postes et Télégraphes. Le conseil considérant que l’établissement d’un Facteur-Boîte est vivement réclamé par la population et en particulier par les commerçants, la commune s’engage à garantir le loyer du local et le logement du titulaire.

Le 11 novembre 1908 – M. le Maire rappelle qu’il avait sollicité la création d’un bureau de poste et prie le Conseil de renouveler cette demande…
Lors de la même séance le maire fait connaître que les habitants de la Croix Geoffroy se plaignent d’être trop éloignés de la boîte aux lettres actuellement et seraient désireux de voir poser une boîte aux lettres dans leur quartier. Le Conseil considérant que les habitants de la Croix Geoffroy se trouvant à plus de mille mètres de la boîte aux lettres de la population de l’agglomération, considérant qu’une deuxième boîte aux lettres rendrait de grand service, prie l’Administration des Postes de vouloir bien faire poser cette deuxième boîte au lieu dit de la Croix Geoffroy, mais rendrait aussi service aux habitants du Petit Village et de la Chaussée. En outre, le Conseil s’engage à rembourser à l’Administration des postes le prix de ce coût.

Le 17 février 1913 – le Maire rappelle au conseil que la délibération du 12 novembre 1907 où il a demandé à M. le Ministre des postes et Télégraphes l’établissement d’un bureau de poste dans la commune, cette demande avait été refaite le 11 novembre 1908 et reste sans résultat. Le conseil considérant que ce bureau de poste rendrait de réels services aux nombreux commerçants et à la population, s’engage comme pour les autres délibérations à garantir l’excédent de loyer (s’il y a lieu) ainsi que le logement du titulaire.

Malheureusement, pour le moment je ne suis toujours pas en mesure de vous dire à quelle date cette demande fut enfin acceptée.

mardi 19 janvier 2010

Alice et les animaux à poils

Ma petite Alice,
Qu’est-ce que tu as pensé de mon remède à « la peau de lapin », tu en as ri, bien sûr ! Avec raison peut-être. Remède de bonne femme !
Je vais te faire connaître un emploi plus valorisant de ces vulgaires dépouilles. La mode évidemment s’est emparée de l’affaire. Le synthétique n’existant pas encore, encore moins le vison. Les manteaux, les vestes, les étoles ont habillé la gente féminine avec ce vulgaire poil. Les manchons dans lesquels s’abritaient les mains frileuses brillaient de leur aspect soyeux.
Le lapin était un animal domestique exploité pour sa chair et sa peau.
Par contre, les bêtes sauvages n’étaient pas de reste. Si l’on faisait du feutre avec le lapin, les sauvages étaient chassés, piégés également pour la fourrure de même que chevrette, renard, fouine et taupe. Les pièges étaient un moyen silencieux de traquer les bêtes. Si bien que le taupier en faisait son métier en repérant les « taupinières » dans les prés et prairies et en disposant des « taupiers » pièges. Il passait le lendemain récupérer le petit animal, s’il y en avait… la taupe est maline et les galeries qu’elle creuse l’emmène parfois bien plus loin.
Même le blaireau faisait partie du tableau et ses soies servaient après transformation à la fabrication du « blaireau » que ces messieurs employaient pour le rasage.
Après la récolte de ces animaux, la maison Gambier de Ruffec se chargeait du dépouillage et de la mise en place pour les sécher sous un hangar à l’air libre. Le finissage se faisait dans des ateliers spécialisés.
Bien sûr, je t’entends dire « c’est horrible » tout ca !! Les écologistes crient halte là !! mais devant la prolifération de certains d’entre eux, force est de l’admettre et de procéder à l’élimination de ces nuisibles. Des battues sont organisées à cet effet.
Ma chérie, ne nous contentons pas de critiquer. Essayons de faire la part des choses pour espérer une amélioration.
A bientôt

jeudi 14 janvier 2010

Retour sur le pèlerinage de Courcôme

Merci à M. Pascal Baudoin qui a retrouvé cet article daté du 20 août 1922.

mercredi 13 janvier 2010

Le marchand de peaux de lapins

Ma chérie,
Aujourd’hui 13 janvier, il fait bien mauvais temps et en t’écrivant j’ai pensé être plus près de toi pour continuer à te faire part de mes souvenirs.
Voilà !! C’est au tour du marchand de peaux de lapins de monter sur la sellette. Venant d’où, on ne sait pas trop, sa voix commençait à retentir : « Peaux de lapins !, Peaux !, Peaux de lapins ! »
Tu dois te poser quelques questions, aussi je vais t’expliquer les opérations précédant cette collecte.
Et bien, c’était l’époque où dans chaque maison les familles quasi sans exception élevait sans frais cette volaille – herbe, foin, betteraves étaient leur festin.
A cette époque on n’achetait point au magasin les lapins nus. Il fallait donc se débrouiller autrement. Aussi avec agilité et sans remords, la ménagère tenait le lapin par les pattes arrière. Elle lui assénait ensuite un coup de trique derrière les oreilles et immédiatement (comble de la cruauté) elle lui arrachait l’œil à l’aide d’un couteau pointu. Le sang était recueilli dans un bol avec 1 cuillère de vinaigre.

Ainsi dépouillé, la pauvre bête sursautait encore, tous muscles à l’air.
C’est alors que commençait le travail des peaux. Une baguette de noisetier souple ou à défaut de la paille était introduite dans la peau retournée, poil à l’intérieur. Mise à sécher à l’air, les peaux attendaient…

A son appel, on décrochait les peaux, on les vidait de leur contenu et on les présentait au marchand. Il examinait, tâtait trouvant toujours quelques défauts. Les blanches étaient les plus chères. Une moue sur son visage laissait penser que le prix serait ridicule. La vendeuse protestait, essayait de marchander, puis elle finissait par céder pour une valeur de 10 à 15 sous. Autrement, que faire de ces dépouilles ? Le marchand d’piaux d’lapin était très attendu par les femmes qui à l’occasion se faisaient quelques sous de plus. Il achetait aussi les peaux d’autres animaux comme les chèvres, les moutons et même celles des taupes.

Avant de tomber complètement en désuétude la relève fut assurée par un marchand ambulant venant de Montjean. Equipé d’une camionnette, il reprit le flambeau. Il récupérait les vieux chiffons, les journaux et les peaux de lapins et proposait en échange de la vaisselle tout à fait ordinaire. Quelques articles ménagers étaient suspendus dans la voiture. Un verre, une tasse ou une assiette récompensait la ménagère économe. C’était le temps où l’on ne jetait rien, à cette époque il y avait déjà le recyclage !
Je vais même, ma petite Alice te raconter une anecdote. Un « remède de grand-mère » préconisait de se mettre la peau de lapin sur la poitrine en cas de rhume, de toux. On est loin du Wicks !!! Peut être à essayer, si tu tousses, à condition de trouver une peau de lapin !!! A plus tard.

mardi 12 janvier 2010

La main

Méditons quelques instants sur une partie, tout à fait banale de notre corps.
Que sont donc nos mains ?
Nos mains sont de merveilleux outils qui nous servent, nous renseignent, qui voient, qui pensent, qui aiment, qui perçoivent, qui travaillent, qui jouent sur un instrument de musique. Les mains apparaissent donc comme un fidèle prolongement du cerveau.
Les mains de l’aveugle lui permettent de rester en relation avec le monde, de connaître le froid, le chaud, le dur, le mou, de se laver, de manger, de boire, transmettre son amitié dans une vigoureuse poignée de mains compensant ainsi un regard d’amitié, de tendresse, de complicité.

La main est porteuse d’amour.
Amour de la maman qui caresse le corps et les cheveux de son petit ange.
Amour de l’enfant qui envoie un baiser de la main.
Amour de l’adolescent qui découvre le corps de l’autre.
Amour du vieillard qui en saisissant la main de son enfant le supplie de ne pas partir.
Amour du voyageur qui d’un geste de la main exprime son au revoir.
Porteuse d’amour, la main du médecin qui présente à la maman son enfant qui vient de naître.
La main de l’infirmière qui prodigue des soins douloureux avec douceur et compassion, qui relève l’oreiller, qui retire le drap.
La main du chirurgien qui reconstitue un visage massacré, qui greffe les organes.
La main qui sème et qui récolte.
La main de l’homme qui pétrit la pâte pour nourrir et partager.
La main du musicien qui danse sur le piano et fait chanter l’archet.
La main qui rejoint l’autre dans un geste de supplication.
La main de la femme qui coud, qui tricote, qui brode.
La main de l’ouvrier qui construit, burine la pierre, taille le bois, élève des monuments pour la postérité.

La main souple, agile, habile, réalise avec amour et offre à l’homme la beauté, la grandeur, la fragilité, en s’exprimant dans son métier.

Devenue ridée, bosselée, calleuse, la main témoigne d’une vie bien remplie.
Le jour où un enfant les posent sur la poitrine de son père ou de sa mère, il se dit : « Pour nous elles ont travaillé avec tant d’amour ».
M-J Pelletier

lundi 11 janvier 2010

Pélerinage - Eglise Notre-Dame de Courcôme

Quand en 970, Guillaume fier à bras, duc d'Aquitaine fit don de la basilique de Courcôme à l'abbaye Saint-Hilaire de Poitiers, il écrit que cette basilique est "en l'honneur de Sainte Marie mère de Dieu". Déjà donc à, cette date, existait à Courcôme un culte en l'honneur de la Mère du Christ. Le vocable ancien de l'église précise même "Vierge Marie, en son Assomption", un pèlerinage exista longtemps en la Fête de l'Assomption de Marie le 15 août.

Courcôme reste toutefois un pèlerinage annuel,on y honore une Vierge à l'enfant sculptée dans la pierre, à laquelle on attribue la guérison subite et inexpliquée d'une jeune fille de Ruffec, en 1890.

Cette statue de la Vierge mutilée et restaurée daterait du 13ème siècle.

Pour illustrer ce billet, je vous propose deux vues d'une mission (non datée) et vous invite à me transmettre d'autres vues relatives aux pèlerinages pour en faire profiter les autres lecteurs. Merci d'avance.

Alice et les vieux métiers (partie 2)

Tu te souviens, dit René Meunier « du Caïffa».
(Caïffa - vendeur ambulant (parfois à vélo triporteur) nommé ainsi du nom de la marque du café brésilien qu'il distribuait).

Bien sûr, il colportait de l’épicerie, spécialement du café. Ingénieux, le petit bonhomme. Il transportait sa camelote dans une sorte de coffre monté sur roues et tiré par 2 chiens. Paulette s’exclame en disant que ces deux bêtes devaient être bien dociles, tellement qu’à la voix, ils avançaient et s’arrêtaient sans obliger leur maître à se déplacer pour servir les clients.
C’était un petit bonhomme rabougri sur sa planche qui servait de siège. Il avait l’air d’un estropié. Cet attelage faisait bien sûr sensation quand il apparaissait à la sortie de la route de la Faye.

Mais, dit donc Abel te souviens-tu de cette femme qui venait, elle aussi, de la Faye ?
Une minute de réflexion et les détails d’une description folklorique alimentèrent la conversation, chacun mettant son grain de sel la réalité se fit jour.
Oui, c’était une grande femme tout de noir vêtue, cotillon et caraco, un fichu sur la tête. Au milieu de son visage buriné par les intempéries et le froid, deux grosses narines largement ouvertes attendaient la « prise » de tabac. Elle cherchait à gagner sa vie en vendant du fil, de la dentelle, des aiguilles, du coton à repriser et des galons.
Tous ces petits articles étaient mis sans apprêt dans une grande caisse rectangulaire, accrochée à son cou par une sorte de courroie. Les kilomètres ne lui faisaient pas peur car elle allait assez loin dans les communes voisines.
Bien souvent, les femmes achetaient quelques « bricoles » pour essayer de l’aider. Ce gagne-petit lui permettait de faire vivre sa famille.
Ma petite Alice, je te laisse avec ses images du passé qui te permettront d’apprécier le présent. Je t’embrasse et à bientôt pour d’autres souvenirs lointains mais bien réels.

Alice et les métiers d'autrefois (partie 1)

Ma petite Alice,
Moi aussi, je te souhaite une très bonne année remplie de bonheur, de santé et de succès.
C’était autrefois une coutume quasi sacrée de se rendre chez les voisins pour offrir ses vœux. Bonne et heureuse année !! et c’était la « goutte » assurée pour les hommes, un petit verre de cassis pour les femmes et des pralines ou dragées que les enfants récoltaient dans leurs poches.
Pour perpétuer cette tradition, un après-midi nous nous sommes réunis. Un petit paquet d’octogénaires qui se sont remémorés des souvenirs lointains que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaître.
Abel Vincent, le premier lança le rappel du ramassage des œufs par « La Béquette », ce « La » n’a rien de péjoratif, ma petite Alice. Il était, et encore, en campagne d’usage fréquent de parler ainsi d’une famille. M. et Mme paraissaient plus honorifiques et étaient réservés à une certaine classe, au curé et au maire.
Donc, ce ramassage était pour le moins folklorique. Notre Béquette, grande et forte-femme poussait un landau haut sur roues dans lequel elle entassait en vrac les œufs.
Oui, dit Abel, je la revoie encore aller de ferme en ferme. De la rue du Puits, au Petit-Village, elle toquait aux portes, chez Bellot (Guéret), Raynaud (Morin), Hays (Chailleux), Billard Henri.
Puis poussant son chargement elle longeait le bourg, Brochard (Louineau), Goyaud (Fragnaud), Faule-Billard (J-Michel), Quittet (Chaillou), Debord (J Mollé), Goumain Auguste (Pétrault), Flaud (Massonaud), Moreau Denis-Cailler (Pelletier), Flaud Alban (Gemon), Gabriel et Céline Moreau (Jacqueline Gemon), Segeard (Texandier), Raymond (Garraud), etc…
- Oui, dit Abel, elle allait aussi sur les villages !
Cette collecte était destinée à un grossiste de Ruffec, la maison ARNAUD.