lundi 28 mars 2011

Poursuivons notre voyage

Poursuivons notre chemin, après l’ancien passage à niveau de la Tachonnerie, à quelques centaines de mètres, nous arrivons dans une petite vallée en forme de cuvette coincée entre la voie ferrée et les bois.

Une pente des deux côtés donne à l’eau de pluie le moyen  de s’écouler et de stagner parfois dans le chemin.
Un large fossé creusé le long de la voie ferrée achemine l’eau en dessous par le « pontille ». C’est un petit pont, caché, d’une maçonnerie superbement montée avec une voûte. Ce pontille ne peut être accessible que vraiment courbé, à 4 pattes. L’eau s’y enfile pour se disperser du côté des « Bois de la Fourchine ».
                                   
Quelques jeunes bergères hasardeuses y ont traversé avec leurs chèvres et étant donné l’épreuve de solidité qu’il subissait depuis longtemps, elles n’avaient rien à craindre. Par contre, y rester coincé n’était pas à exclure !!! Plus de pontille, plus de voie ferrée. Petit, mais très important, il a fait ses preuves.

Mais, ce petit bijou a un émule beaucoup plus important entre La Faye et Courcôme. Nombre de personnes connaissent le « Pont de 4 mètres ».
                              
Imposant par sa hauteur, par son architecture, il soutenait autrefois la ligne de Roumazières – Niort via Ruffec. Malheureusement, depuis la fermeture de cette ligne de chemin de fer, des pelles et des pioches et ensuite des engins modernes sont venus à la chasse des gravats des contreforts à sa droite et à sa gauche.
Cette dégradation a du subir une interdiction formelle car il semble que tout se soit arrêté.

Admirons avec respect le travail du passé car nous pensons qu’ici il a coulé beaucoup de sueur.

mercredi 23 mars 2011

Le chemin de fer à Courcôme

La ligne Orléans-Bordeaux qui traverse la commune de Courcôme a été ouverte en 1846 par la Compagnie du chemin de fer d’Orléans à Bordeaux. Cependant la section Poitiers-Angoulême n’a été ouverte que le 28/07/1853 presque un an après  la fusion de cette compagnie avec la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans.

Affiche Paris-Bordeaux en 8 heures (1897)
                                             
La SNCF a elle été créée le 01 janvier 1938 et l’établissement public RFF (Réseaux Ferrés de France) a lui été créé en février 1997.

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En 1892 la commune de Courcôme émet le vœu auprès du Conseil Général de l’établissement d’un arrêt de trains sur son territoire entre la gare de Ruffec et la station de Moussac.
Séance du Conseil général en date du 25 avril 1892
" Un vœu signé par MM. Auguste Brothier, Arnous, Théophile Brothier, d’Hémery, Laroche-Joubert, Marigné et Martell ainsi conçu :
Les conseillers généraux soussignés ont l’honneur de prier le Conseil général de vouloir bien émettre le vœu qu’il soit établi par la compagnie du chemin de fer d’Orléans une halte pour les trains omnibus à la maisonnette n° 266, desservant ce passage à niveau, dit de Gensac, sur le territoire de la commune de Courcôme, à 500 mètres du chef-lieu de cette commune, et qui se trouverait à peu près à égale distance de la gare de Ruffec et de la station de Moussac.
La création de cette halte, vivement sollicitée par Courcôme, l’est également par sept communes du canton de Villefagnan et par une commune du canton de Ruffec…
Comme elle ne serait ouverte qu’aux voyageurs, elle n’entraînerait aucune dépense, le garde-barrière pouvant très bien, comme ailleurs, délivrer les billets, et la compagnie verrait augmenter ses recettes par suite des facilités plus grandes de transport, offertes tant aux voyageurs ordinaires qu’aux nombreux marchands de bestiaux domiciliés dans les communes intéressées.
Il suffirait d’annexer à la maison du garde-barrière un abri pour les voyageurs. Les frais de construction seraient peu élevés, et le conseil municipal de Courcôme offre à la compagnie d’y participer…."
Cette demande avait été transmise à M. le Ministre des travaux publics et après examen de cette proposition par MM. Les ingénieurs du contrôle du réseau d’Orléans découvrons la réponse apportée par ceux-ci et la réponse apportée par le Conseil Général de la Charente :
« La gare de Ruffec et la station de Moussac sont distantes de 9, 800 kms, seulement, et que le sectionnement de cette distance relativement faible ne pourrait être justifié que par la nécessité de desservir un centre important de population ou d’industrie. Or, MM. Les ingénieurs déclarent que le trafic probable des voyageurs et celui des marchandises à l’arrêt réclamé ne suffiraient pas à couvrir les frais d’exploitation.
Dans ces conditions, et étant données les sujétions qu’occasionnerait la mesure sur une ligne aussi fréquentée que celle de Paris à Bordeaux, M. le Ministre des travaux publics reconnaît, avec les fonctionnaires du contrôle, qu’il n’y a pas lieu d’insister auprès de la compagnie d’Orléans dans le sens de la demande formulée. »

                                             
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Extrait du livre « itinéraire de Tours à Bordeaux »
Avant d’y arriver et au sortir du tunnel des Plans, qui divise à peu près en deux parties égales le trajet de Tours à Bordeaux, nous touchons presque à Courcôme, bourg modeste, où pourtant l’on peut visiter une église d’une architecture assez remarquable pour avoir mérité l’honneur d’être classée parmi les monuments historiques. Cette église porte la triple empreinte des styles divers des X, XII et XV siècles.
Extrait du livre « De Poitiers à Angoulême »
Qu’on ne croie pas toutefois que ce dernier trajet n’ait pas eu aussi ses difficultés. Signalons, entre autres, celles qu’offrait la montagne qui, après Ruffec, s’élève entre deux cours d’eau, la Pereuse et le ruisseau de Courcôme, et qu’on n’a pu traverser qu’en y pratiquant un très-long souterrain, le tunnel des Plans.
                                                    
Commençons donc le trajet dans le sens Paris-Bordeaux. A la sortie du tunnel évoqué ci-dessus nous sommes devant l’ancien passage à niveau de la Tachonnerie abandonné à présent au profit d’un pont.
                                              
La ligne passe ensuite au-dessus de la route de Courcôme à Ruffec grâce à un pont dont la hauteur limitée à 4m20 coince parfois les camions.

                                            
Nous arrivons ensuite au passage à niveau dit de Gensac avec sa maisonnette n° 266. Autrefois, le garde-barrière gérait le passage des personnes des animaux et des véhicules entre le bourg et les hameaux de La Touche et des Houillères. Nous sommes alors à 408,22 kms de Paris.

                                     
Le trajet se poursuit en passant sous le pont dit de Tuzie  qu’emprunte la D27 route de Courcôme à Tuzie.
                            

Le pont suivant permet d’enjamber le ruisseau Le Bief. C’est un ouvrage discret caché par la végétation permettant à ce petit cours d’eau temporaire de ressortir côté Salles de Villefagnan.

                                             

Une centaine de mètres plus loin, un petit pont permet l’accès au site des Couradeaux où les vignes disparues ont laissé la place de nos jours aux bois de genévriers et à de superbes orchidées qui enchantent les visiteurs au printemps.


Nous voici rendu à la gare de Moussac (station de Moussac). Aujourd’hui abandonnée, elle résiste cependant tant bien que mal aux outrages du temps comme nous pouvons le constater sur les photos suivantes.

Gare autrefois très fréquentée par les voyageurs désirant rejoindre Angoulême ou Poitiers, elle permettait aussi l’acheminement du courrier et des journaux que le facteur de Courcôme allait à vélo récupérer pour les distribuer dans le village.



Les marchands de bestiaux se rendant à la foire de Raix  et les écoliers se souviennent de l’accès difficile aux voitures et wagons à cause de la pente imposée par la courbe présente à cet endroit encaissé. Les derniers TER dignes successeurs des Michelines ont desservis cette halte jusqu’au début des années 1980. A présent, pour prendre le train il faut se rendre à Ruffec ou bien à Luxé.

mardi 15 mars 2011

Le hameau des Martres


Un petit hameau dit des Marthes ou des Martres est situé à environ 2.3 kms du centre Bourg de Courcôme. A l’intersection des chemins de Courcôme à Villegats et de Tuzie à Ruffec comme mentionné sur le cadastre Napoléonien, ce petit village apparaît comme divisé en 3.

                                                                           

Il est situé dans la partie la plus haute de la commune et à l’horizon 2016 un parc éolien devrait profiter des caractéristiques de ce site entre la route de Ruffec et le village de Tuzie.



En 1860, le livre « Description physique, géologique, paléontologique et minéralogique du département de la Charente » mentionne au sujet de Courcôme : le village de Courcôme est dit occupé par l’étage jurassique moyen. Pierres de taille à la Touche – Moellons. Altitude de 154 mètres aux Martres de l’Arbre.

                                                                   Un peu d’histoire :

Entre 1613-1618 – Arpentement de lopins de vignes sis au fief des Marthes, appelé les Merseronnes ou les Pellas, sis en Gaulo, aux Hautes-Brousses, à la Soulisse.

Entre 1618-1663 – Arpentement de la prise des Hugons au fief des Marthes.

N’oublions pas que Les Martres, Les Ouillières et La Touche faisaient autrefois parties de la Saintonge et que le village des Marchis situé à une centaine de mètres des Martres était lui en partie rattaché à  l’Angoumois !!!

Ce village héberge une belle bâtisse, il s’agit du logis des Marthes. Il est décrit de la manière suivante : Cette petite demeure, comme il y en a tant dans la région, représente la résidence type du gentilhomme campagnard - presque isolé sur son promontoire, le logis des Marthes inspire à la tranquillité et au repos, à l’abri de grandes routes.


Au XVII et XVIIIè siècles le logis des Marthes appartient à la grande famille Pandin  de Beauregard, Nercillac, etc … il passe ensuite à la famille Tartas, qui possède le Marchis à quelques centaines de mètres de là. Les Marthes est ensuite possédée par la famille de Pindray d’Ambeille, qui demeurait aussi en son logis de Courcôme.
René de Pindray, écuyer, seigneur de Fontenille, maintenu noble en 1700, allié en 1693 à Adrienne Gennevois, et père de Jean de Pindray, écuyer, seigneur de Tuzie, marié en 1719 à Marie-Victor de Voulon.










L’étude des archives départementales depuis 150 ans ne mentionne que rarement le nom des Martres.

Ainsi en 1885 est rapporté un problème d’imposition avec le Sieur Guillon Jean Bouillon, ancien propriétaire aux Martres pour la somme de 15,75frs dans le rôle de l’année 1884. En effet celui-ci ne s’était pas acquitté de sa part pour les prestations sur les chemins vicinaux et le conseil municipal en date du 18/02/1885 reconnait que le sieur Guillon a quitté le pays en ne laissant absolument rien à saisir.
Ensuite entre 1886 et 1890 le sujet qui a agité cette partie de la commune et les hameaux proches est celui du chemin d’intérêt  commun n° 150.
Au conseil du 25/02/1886 – Le Maire porte à la connaissance du conseil l’annulation par M. le Sous-Préfet d’une délibération concernant ce chemin d’intérêt commun. Ce chemin de Montalembert à la gare de Moussac étant terminé sur tout son parcours, excepté sur le territoire de la commune de Courcôme et que pour les habitants des villages des Martres, des Marchis, des Houillères et de La Touche réclament la circulation de ce chemin qui leur serait d’une grande utilité, pour l’exploitation des carrières de La Touche où plusieurs communes prennent leur approvisionnement en pierre. Vu que le chemin qui existe actuellement est dans un état tout à fait impraticable, qu’en conséquence il y a lieu d’insister auprès de l’Administration et supplier M. Le Préfet de vouloir bien donner l’adjudication de la partie de chemin au plus tôt possible.
En 1888 – Pétition des habitants car les travaux programmés en 1887 non pas commencés. Utilité d’urgence incontestable de l’achèvement de ce tronçon pour l’exploitation des récoltes et pour la carrière de pierres de La Touche.

En 1889  

Le 03/10 - Sont nommés par le Conseil 3 experts pour l’achat  des terrains devant servir pour ce chemin : Messieurs Maridat, Quéron et Brochard.

Le Conseil du 20/11 est d’avis à demander l’expropriation des propriétaires qui refusent les offres faites qui sont très supérieures à la valeur réelle des terrains.

En 1890

Le montant final des acquisitions de terrains étant de 3 036frs, les fonds communaux lourdement grevés par la construction du lavoir communal seront insuffisants et il va falloir recourir à l’emprunt de 2 500frs sur 10 ans auprès de la Caisse des Dépôts et Consignation.

                                                            Faits divers

Le 05/01/1891, les habitants des Martres prétendent avoir vu 5 loups à peu de distance. Le lendemain ceux-ci ont eu à constater de nombreux emprunts de ces carnassiers…
Par contre, qui pourra dire où est parti le lion qui manque sur le pilier de gauche de l’entrée du logis ? On le dit rendu à Angoulême…





Dans un article précédent relatif aux puits de la commune, je mentionnais l’existence d’un puits aux Martres mais  comme celui-ci est caché sous un roncier le long de la route de Tuzie à Ruffec il a fallu attendre ces derniers jours pour le trouver très abimé par le temps et les engins de débroussaillage.

Je  vous livre quelques vues de ce vieux puits situé au bord de la parcelle bien nommée « Le vallon du puits »