dimanche 22 février 2009

Un petit bond dans le passé de Courcôme. (partie 1)

Revenant de Ruffec avec ma petite fille Alice, de multiples questions lui vinrent à l’esprit en découvrant du haut de Gargouillaud, au croisement de la route de Villegats, un village nommé Courcôme.
D’une curiosité intarissable, la mignonette me pressa de lui raconter l’histoire de ce lieu qui a vu naître nos aïeux.
Au centre des habitations, le clocher d’une église dresse son toit pointu surmonté du traditionnel coq.
De mémoires d’anciens, les clochers étaient dominants pour paraître de très loin.
- En effet, on ne peut ne pas le voir. Il est très beau, mamie !
- Ce clocher abrite en ses formes élégantes, trois cloches dont je vais t’en dire les noms.
La plus grosse s’appelle Louise et elle pèse 512 kilos. Elle donne la note « Sol » ;
La moyenne se nomme Eugénie et avec ses 348 kilos elle donne le « La » ;
La petite, Marie, 266 kilos correspond à la note « Si ».
Elles ont été fabriquées à Orléans en 1886 et sur leurs flancs sont gravés avec le nom du fondeur, celui de leurs différentes marraines. Il est aussi inscrit un verset en latin à la gloire de Dieu.
- Je ne pensais pas Mamie que l’on baptisait les cloches !!!
- Ma chérie c’est une tradition qui perdure.
En continuant notre chemin nous allons passer sous le pont du chemin de fer de la ligne Paris-Bordeaux. Cette voie ferrée que tu vois électrifiée était il n’y a pas encore si longtemps empruntée par les locomotives à vapeur. L’été, elles semaient des étincelles qui occasionnaient des feux qui faisaient grand peur aux habitants et chacun avec balai ou pelle s’acharnait à lutter contre l’envahissement des flammes afin de sauver récoltes et habitations.
Les chaudières crachaient de grandes volutes de fumée qui répandaient une odeur que l’on respirait avec un certain plaisir après avoir entendu le traditionnel coup de sifflet. On était surpris et on riait.
Avant le pont du chemin de fer, à gauche, la route des 4 veaux. C‘était autrefois un chemin caillouteux bordé d’ « agères » (érables) dont les racines traversaient quelquefois d’un bord sur l’autre. Par là, nous allions dans les champs, puis dans les hameaux de la Touche et des Ouillères.
A droite, le chemin des Bourbons, conduisait entre la voie ferrée et les bois au village de la Tachonnerie (commune de La Faye) après avoir salué la garde barrière, car il existait un passage à niveau.
- Qu’est-ce que tu dis Mamie ?
« Oui, avant les transformations consécutives au remembrement, les paysans pour aller aux champs traversaient la voie que la garde-barrière avait rendue libre en ouvrant les barrières quand le train était passé. Pour les refermer, elle était avertie par une sonnerie. »
Après ce pont, le chemin du puits du Breuil et voilà dans la côte nous arrivons aux premières maisons de Courcôme appelé il y a très longtemps Courcosme.
Voici le premier paquet de maisons, c’est le « Petit Village de la Croix Geoffroy » (Le nom de ce petit hameau est justifié par des actes notariés datant de 1673).
Quelques centaines de mètres et là, en continuant sur cette route 736 autrefois route 4 (au niveau de chez Massonnaud, une plaque en fait foi), nous arrivons à la Croix Geoffroy.
Sur ta gauche en haut de la côte, à l’angle de la route de La Faye, une petite mare nommée la « Mare à Martrou ». Elle a disparu il y a une quarantaine d’années.
Tu vas pouvoir observer sur le haut des portes, des pierres taillées un peu en forme de blason, qui portent gravée l’année qui a vu naître ces belles maisons de pierres, bien maçonnées, bien alignées. Elles datent de 1833, 1852, 1856. Toutes ont été édifiées au 19ème siècle.
Les maisons s’alignent sur 2 kilomètres du Petit Village jusqu’aux Brelières.
Maintenant nous arrivons dans la partie du Bourg nommée la « Chaussée », puis passeront le « Lac » et enfin nous atteindrons la « Croix Rouge ».
La « Chaussée », au chemin à droite un logis et à l’angle (à la place des lauriers actuels) un pigeonnier qui se dressait fièrement. C’était un peu le point de repère des gens, on disait, on vous attend au pigeonnier, on tourne au pigeonnier et ainsi de suite. Pour sa destruction on a dû évoquer la sécurité.
Sur la gauche, dans les années 1880, il existait un couvent (maison actuelle de Mme Faule) tenu par les dames enseignantes de l’Enfant Jésus. Les niches abritant des statues religieuses existaient encore il y a une cinquante d’années dans les écuries de chevaux. Un « routin » derrière la maison conduisait directement à l’église.
Quelques mètres plus loin sur la grande route nous arrivons au « Lac ».
- Bien nommé ce coin !!!
- Pourquoi, Mamie ?
Ici, ma petite, une grande mare bordant la route servait à abreuver les bêtes. Elle s’étendait dans l’actuelle place et était bordée d’une large margelle de pierres plates qui servaient de chemin de ronde aux écoliers. Elle a connue aussi quelques glissades lors des hivers rudes.
Parfois, une colonie de lentilles l’envahissait, c’était un vrai tapis vert.
Sur le côté droit un peu plus loin, deux nouvelles bâtisses attirent notre attention. Au fond d’une grande allée qui autrefois n’était qu’un sentier, on arrivait à l’entrée du presbytère.
Le presbytère, on en parle encore en ces termes, c’était la résidence du curé de la paroisse. Devant la maison, un joli jardin où une statue de la Vierge trônait au milieu d’un bassin circulaire bordé de buis joliment taillés.
Un arbre plus que centenaire laisse tomber ses branches tortueuses. Son tronc est court et noueux.
Il existait au milieu de cette pelouse une superbe allée de charmilles qui conduisait à une superbe croix en pierre.
Un peu en arrière se dresse une sorte de tour coiffée d’une grande calotte.
- Qu’est ce que c’est ?
- C’est le château d’eau, une vraie merveille qui changea la vie des gens en 1942.
Oui, ce fut la fin des corvées d’eau au puits, ou dans les citernes où l’on puisait l’eau à la force des bras. Le seau arrivait à la maison à moitié plein, alors on apprécia beaucoup l’arrivée de l’adduction. Ce fut un soulagement surtout pour les femmes qui devaient assurer l’approvisionnement des maisons.
A gauche, nous pouvons admirer, ma petite Alice, la mairie, maison commune par excellence dont l’occupant assure le bien-être tant souhaité par ses habitants. De chaque côté les écoles, tout à fait différentes de ce qu’elles furent par l’enseignement qu’assuraient deux maîtres.
L’école des filles où tous les niveaux jusqu’au certificat d’études étaient assurés. On y apprenait à lire et à écrire pendant que les plus grands faisaient des devoirs.
L’école des garçons était conduite de la même manière. Puis on mit ensembles, les filles et les garçons d’un même cours. Ecole mixte qu’on appelait école « géminée » à cette époque.
Les écoliers étaient installés sur des tables légèrement inclinées, percées d'un trou pour y mettre l'encrier en porcelaine blanche. Un élève devait en faire le plein. On pouvait glisser les cahiers et les trousses dans une petite étagère qui faisait corps avec le dessus du bureau.
Le chauffage était assuré par un poêle à vois que le garde-champêtre allumait le matin avant la rentrée.
Les élèves qui venaient des villages mangeaient leur "p'rbende" (déjeuner) près du feu.
Mme Elie l'institutrice leur préparait une soupe chaude.
- Mamie, il n'y avait pas de cantine ?
- Ma chérie, tu rêves, il fallait se débrouiller, on n'était pas choyé.
Les tables qui ne sont plus d'usage étaient pourtant astiquées et frottées avec de la bougie. Chacun s'activait pour rendre la sienne plus brillante que les autres. Ce ne sont plus maintenant que des souvenirs. Peut-être ont-elles une nouvelle vie dans un quelconque musée ?

Pendant la grande guerre, l’institutrice faisait raccommoder les bas aux filles et elle les obligeait à mettre des « manchettes ».
- Qu’est ce que tu dis, des manchettes ?
- Oui , c’était une sorte de moitié de manches qu’on enfilait par-dessus celles de la blouse. Tu ouvres de grands yeux Alice et pourtant c’est vrai. Il fallait économiser le tablier et la peine des mamans dont les maris étaient à la guerre.

D’ailleurs, nous allons en passant saluer la mémoire de ceux qui sont tombés au champ d’honneur et dont les noms sont inscrits sur une plaque de marbre.
Fin de la première partie de cette chronique historique transmise par Mme PELLETIER Marie-Josèphe.