mardi 23 février 2010

Le passé par les cartes postales (1)


J'inaugure par ce billet une nouvelle rubrique consacrée à la vie du village par l'intermédiaire des vues prises au fil du temps et transformées en cartes postales.


Cette première a été prise lors des cérémonies dans le cadre de la célébration de l'armistice en 1918. Cette vue a été faite sur la "place du Marronnier" qui depuis a perdu cet arbre magnifique pour être renommée "Place du tilleul argenté"
Merci à la famille Meunier pour le prêt de cette photo.

vendredi 19 février 2010

L'épicerie Lavauzelle

Le téléphone sonne !
« Allo, mamie, j’ai besoin de tes services »
« Qu’y a-t-il ? »
« J’ai un sujet à développer sur les commerces avant les hyper et supermarchés »
« Bien, sitôt dit, sitôt fait, je vais te préparer et t’envoyer tout çà ! A bientôt »
Ma petite Alice,
Bien sûr que tu n’a jamais vu ni fréquenté ces petites épiceries de village. La publicité n’a cessé de présenter les promotions, les avantages en tous genres des grandes surfaces et ainsi les petits commerces ont cessé d’exister.
Notre village comptait deux épiceries qui ravitaillaient une population encore plus nombreuse qu’aujourd’hui.
Je vais te faire pénétrer dans l’une d’elle. La plus centrée était l’épicerie « Lavauzelle ». Madame Alice Lavauzelle, derrière son comptoir quelque peu encombré, accueillait avec son humeur agréable ou pas suivant les jours, les clientes. Les commissions étant réservées à la gente féminine bien sûr ! En entrant, d’un seul coup d’œil, on découvrait une véritable caverne d’Ali Baba. L’espace était restreint, des étagères étaient disposées autour de la pièce.
Les produits les plus courants, café, sucre, savon, pâte étaient à portée de la main.


Des boîtes empilées en hauteur ne demandaient pas à être bousculées. Si une main malheureuse arrivait jusqu’à elles, elles dégringolaient en cascade. Elles livraient alors leurs secrets, de la mercerie en général et boutons, jarretelles, baleines de corset se répandaient accompagnées en sourdine, de quelques gros mots. Plus intéressants, pour les enfants les grands bocaux de verre qui dévoilaient à leurs yeux pétillants d’envie plusieurs sortes de bonbons de toutes les couleurs.
L’huile était distribuée par une pompe à main qui remplissait la bouteille de la ménagère. Certains produits tel le café par exemple était en vrac dans un sac et servi en poche avec « une main ».

                                                                                      

Quelques fermières apportaient des œufs pour payer leurs marchandises.
L’épicerie était aussi un lieu de rencontre où s’échangeaientt les dernières nouvelles du bourg, agrémentées de commentaires plus ou moins exacts et agréables.
Il existait aussi un système pour fidéliser la clientèle que les grandes surfaces n’ont pas innové. Notre épicière distribuait des bons à coller sur une feuille et au bout d’un certain nombre on avait une prime. Elle donnait droit à du linge de maison, de la vaisselle, produits de qualité qui existent encore dans certaines armoires.
Le mari d’Alice avait une occupation qui fera l’objet d’une prochaine missive.

Epicerie disparue, faute de repreneur vu l’implantation des supermarchés. Alors, Mesdames et Messieurs nous prenons tous la même direction, celle des grandes surfaces pour faire nos courses.

A bientôt Alice, nous ferons connaissance avec l’épicerie Gabit.

L'épicerie Gabit

Comme promis, je continue mon tour d’horizon. Nous voici donc arrivés presque à l’extrémité du village, près de la Place du marronnier. En effet, cet arbre énorme servait de rond-point pour la circulation. L’épicerie était située sur la gauche en direction d’Aigre. C’était un grand magasin déjà très ancien, passant par les ancêtres Grassie elle est arrivée entre les mains de Mme Reine Gabit.
Petit personnage très agréable, tirée à quatre épingles, Reine travaillait avec son mari René.
Les étagères installées en longueur, laissaient un passage central avec un gros poêle. La barrique d’huile profitait de cette chaleur l’hiver venu.
On trouvait beaucoup de produits en vrac. On achetait selon ses besoins. René Gabit s’il vous servait quelque marchandise en vrac avait une manie singulière. On demandait 1 kg et si d’aventure il n’avait pesé que 900grs il disait « vous en avez bien assez, çà suffit ! » commerçant qui ne forçait pas la vente ! Sur le comptoir, un très gros moulin à café ne faisait pas que trôner, on pouvait rapporter son café moulu.
Reine avait un domaine particulier. Elle servait du tissu, des galons, des passementeries. Certains articles étaient disposés à la vue des clientes sous un étalage vitré : les boutons, les dentelles, les boucles de ceinture, etc .. Ce rayon se trouvait à droite en rentrant.

Les tenanciers de ce magasin étaient avertis d’une présence, par un joyeux carillon, lorsqu’on poussait la porte.

Parfois un homme se présentait chercher quelques petits objets de quincaillerie et alors Monsieur arrivait. Là, il descendait quelques marches et dans ce domaine on trouvait des pointes, des clous, des petites serrures, des ferraces pour les sabots. Tout cela était en vrac et vendu au poids.

Bien souvent, le dimanche matin à la sortie de la messe on faisait ses emplettes. On en profitait, pour ne pas faire deux fois le chemin à pied.

Devenant âgé, sans héritier pour reprendre Monsieur et Madame Gabit abandonnèrent cette longue vie de travail et de contact. L‘épicerie a disparu définitivement comme la généralité des petits commerces.

vendredi 12 février 2010

la rebouteuse et les tailleurs

Non loin de notre charron, en face du monument aux morts, logeait une femme connue très loin à la ronde pour ses talents de rebouteuse. Bras et jambe cassés, entorse, rien ne lui résistait. Les charrettes convoyaient depuis fort loin les malades incapables de se mouvoir.
Curieusement, dans le visage de cette petite vieille appelée Léontine Brochard, on ne voyait que sa langue qui sortait et rentrait, si rapidement qu’on avait peine à suivre des yeux cette gymnastique. Alors un sobriquet lui fut attribué, on disait tout bonnement « la vieille tire-langue ».

Descendant la rue, nous revoyons l’enseigne indiquant l’atelier des tailleurs. Les messieurs Cheminade père et fils exerçaient leur profession juste à côté de la mairie. On venait également de très loin pour se faire habiller. Ces mains expertes travaillaient sur mesure pour vêtir ces messieurs. Rares, étaient ceux qui ne portaient pas le jour de leur mariage, un costume signé Cheminade. Le confort et l’élégance étaient assurés par plusieurs essayages. Chacun y trouvait satisfaction, l’artisan et l’usager.
Les dames et les petites filles accordaient leur confiance à la couturière, Mademoiselle Raynaud qui travaillait dans son atelier, presque en face de l’actuelle boulangerie. Elle prenait les mesures de sa cliente, elles choisissaient ensemble un modèle sur catalogue de mode.


Elle taillait, bâtissait le vêtement et passait à l’essayage. Suivant le goût de la personne, elle ajoutait quelques parures, boutons, broderie, passementerie. Il fallait attendre, bien sûr, plusieurs semaines avant la livraison car les finitions et le repassage en particulier, demandaient un soin attentif. Le fer à charbon était encore de service.
Dans certaines maisons, nombreuses encore, on utilisait les fers que l’on faisait chauffer devant le feu de cheminée. Où est le fer électrique ? encore très loin !!!
Un grade au dessus des ravaudeuses, les couturières à domicile, allaient dans les maisons, exécuter leurs talents, tailler, coudre et confectionner des vêtements. Quelques fois elles étaient en petite équipe. Le métier éteint on adopta le « prêt à porter ».

La culottière
Face à l’ancienne épicerie Gabit habitait il y a bien longtemps déjà, une vieille femme qui a fini terriblement affligée pour se déplacer.
Cette personne était culottière. Elle se nommait Nathalie Soulat.
Elle ajustait les pantalons de ces messieurs, raccourcissait les jambières ou « pétaçait » les plus usées.

Le vétérinaire et le charron

Le vieux bourg s’honorait d’abriter en ses murs une célébrité du moment : un vétérinaire. Cet homme portait le nom de Marcel Jonquet.

D’une grande stature, il se déplaçait en cabriolet et la route devait paraître très longue au paysan qui attendait un secours d’urgence. Quand notre homme cessa son activité il n’y eut plus de vétérinaire dans notre village.

Nous avons conservé très longtemps un artisan qui travaillait le bois d’une façon plus particulière. Il fabriquait les charrettes, les roues étaient cerclées au feu.




Il n’utilisait que du bois très dur : ormeau, frêne. Roue de brouette, ou de charrette trouvaient leur maître en la personne de M. Imbert le dernier charron en date à exercer.


Les charrettes sortaient habillées d’une peinture bleue ou jaune qui résistait jusqu’à la fin de leur vie.
Outre ces charrettes, les tombereaux et les "goronnières" passainetn entre ses mains.
- une goronnière ?
Oui,c'était un véhicule, sorte de carriole avec 1 avant-train à 2 petites roues pour permettre de mieux la diriger, en particulier en tournant.
A l'arrière, rattachée une sorte de grande cage à barreaux roulant sur deux grandes roues. Le cocher était assis en hauteur.
Les animaux étaient ainsi transportés à la foire : cochons,moutons,agneaux se balançaient au pas du cheval. Malgré cela tout le monde arrivait à bon port.

Le palonnier prenait forme en ses mains. C’était une pièce de bois qui permettait d’atteler le cheval pour tirer quelque instrument.
Il chauffait également des crochets pour les enfoncer solidement dans le bois. La couleur marron leur était réservée.

Au dessus de l’ancien atelier, on pouvait récemment encore admirer l’enseigne « Honneur à St Catherine – Gloire au patron charron ».




Vue de l'atelier de nos jours
Son goût de la précision, du fignolage tout son amour du métier, ne purent se taire subitement et on vit circuler nombre de paniers parfois miniatures pour son plus grand plaisir et le nôtre.

jeudi 11 février 2010

Le forgeron - maréchal ferrant

Aujourd’hui, ma petite Biche, c’est au tour du forgeron – maréchal ferrant de monter sur la sellette pour en détailler les différentes phases de son travail.
La première observation que l’on peut faire c’est que l’on confondait indistinctement forgeron et maréchal ferrant.
En effet, le même artisan assurait les travaux de la forge et le ferrage des chevaux.
Dans notre village, cet homme à la face rondouillarde, moustachu, commençait la journée aux premiers chants du coq. Nécessité oblige, car les chevaux arrivaient très tôt et, parfois, ils étaient nombreux à attendre, attachés par la longe à une boucle scellée dans le mur. En effet, le propriétaire amenait son cheval tenu à la « longe » (corde).
Notre artisan, Bessonneau de son nom, commençait, aussitôt arrivé, par mettre son tablier de cuir et retrousser ses manches.
Il était prêt pour allumer la forge. Une poignée de papier ou de paille faisait l’affaire pour enflammer le coke (charbon). Il tirait sur une chaîne pour actionner un énorme soufflet. Déjà les braises rougeoyaient et crépitaient vivement en bouquet d’étincelles.

Le premier arrivé s’avançait et son cheval allait être pris en charge pour le ferrer. Opération compliquée, délicate et dangereuse. Compliquée et délicate car il fallait de la précision et du savoir faire pour ne pas blesser la bête. Dangereuse, car un animal se permettait de ruer, ou de se laisser aller d’un côté ou de l’autre ; alors il fallait le mettre dans un « travail » sorte de cage et là, il perdait sa liberté de mouvement. C’était souvent le cas des bêtes plus jeunes qui donnaient du fil à retordre.
De plus, on en maîtrisait certains à l’aide du « tord-nez » long bâton terminé par une boucle de corde que l’on vrillait pour serrer le nez et ainsi maîtriser le récalcitrant.
Les pattes de devant étaient les plus difficiles à ferrer. Il fallait la tenir pliée à l’aide d’une lanière sur le genou.
Les sabots de derrière se prêtaient mieux au travail. Le maître du cheval s’accotait sur sa fesse, bien d’aplomb, les jambes écartées et avec la courroie tenait le pied à la hauteur du travail.

Le maréchal, après ces préparatifs, commençait par ôter le fer usagé. Il parait la corne à l’aide d’un « rogne-pied » sorte de grosse lime. Le fer préformé chauffait dans le brasier de la forge. Devenant malléable, il l’essayait comme on fait d’une chaussure, d’un coup d’œil, il savait s’il devait corriger ou pas cette parure. Si tout paraissait bon, alors il pouvait clouer le fer. La corne brûlée dégageait une odeur spécifique qui envahissait la « boutique » (l’atelier).
Les clous étaient un peu longs, à tête carrée. Ils traversaient la corne du pied et la pointe qui ressortait en dessus était coupée à la tenaille. En passant la main on ne devait rien sentir.
Quelque fois, lorsque la corne avait trop poussée et que le fer n’était pas usé, on faisait faire un « relevé » pour prolonger sa durée de vie.
Alors le travail achevé, notre Père Bessonneau regardait avec fierté la bête s’éloigner, bien sur ses 4 pattes. Souvent les ferrages se faisaient le matin pour aller au travail de bonne heure.

1 - Dévidoir 2 - Dégorgeoir 3 - Mailloche
4 - Rogne pied 5 - Pince à déferrer 6 - Rape
7 - Tricoise 8 - Pince arrache-clou 9 - Pince à parer
10 - Pince à river 11 - Brochoir 12 - Rénette
13 - Aimant 14 - Marteau de forge 15 - Pince à feu

Mais la forge et les vigoureux biceps du maréchal ne s’arrêtaient pas.
Le forgeron prenait alors le pas. Le marteau rebondissait sur l’enclume dans un mouvement lourd et rejeté pour « rebouillir » les fers de charrues et de brabants. L’opération consistait à rendre l’outil tranchant en affinant « le taillant » (lame). Il fallait chauffer le fer jusqu’au rouge un peu brun, c’était le moment propice pour agir. Ne dit-on pas ? « Il faut battre le fer quand il est chaud ! » Les outils manuels, piardes (pioches), binettes, pioches, haches, subissaient ce mauvais sort pour redevenir neufs ou presque.
La soudure n’existait pas, le seul moyen d’accoler deux pièces ensemble était de les chauffer à blanc et de les superposer sous les coups répétés du fameux marteau sur l’enclume.
Il n’avait pas compté son temps et les milliers de kilos de mâchefer qu’il avait débarrassés de la forge pour recommencer le lendemain. De maréchal, il n’y en eut plus lorsque notre brave homme fut disparu.


mardi 9 février 2010

Le Bourrelier

Ma petite Alice,
L'autre jour, au téléphone, tu m'as dit que je devenais certainement paresseuse, car je ne continuais pas mes petits récits.
Point de paresse ! Seulement le temps de respirer et de ... tirer les rois avec nos amis.
Au lieu de parler des voisins, nous avons continué à évoquer nos souvenirs de jeunesse.
Ensemble, nous avons passé en revue quelques autres métiers d'autrefois.
Le bourrelier... il n'y en a plus !

Mais nous avons en mémoire Albert Guillebeau qui harnachait les chevaux du village.
Cet homme de taille moyenne était assis sur un tabouret, tenant entre ses genoux une pince en bois pour saisir le cuir. Auparavant, il avait enduit le fil de chanvre de « poix ». Ce genre de cire passait et repassait dans un morceau de cuir plié où il était lissé pour rendre la couture plus facile. Il tortillait ensemble 2 ou 3 brins suivant la résistance désirée.
Ce « lignoux » était détaillé en longueur de 3 mètres environ. Il appointait ensuite les 2 extrémités du cordonnet et il enfilait à chaque bout une grosse aiguille. Ainsi la couture était croisée et présentait le même aspect dessus et dessous.
Avant de coudre, il perçait le cuir avec une alène et souvent le manche en bois servait de dé pour pousser l’aiguille.
Une odeur de cuir neuf montant au nez. Il était découpé selon les besoins avec un « tranchet » suivant un tracé fait au poinçon.
Il se procurait toutes les parties en bois (collier). Il achetait également la « bourre » (poils, filasse de chanvre) pour garnir collier et « basselle » (selle qui supportait les brancards grâce à la dossière et à la sous-ventrière).

Notre homme réparait et confectionnait on peut dire sur mesure, car tous les chevaux n’avaient pas la même encolure. Le collier était formé d’une partie en bois et là-dessus étaient fixés à l’aide d’une forte toile, le « rembourrage ». C’était la partie qui touchait les épaules.


Avec le collier, il fabriquait les brides. Les œillères étaient parfois décorées de cuivre.
C’était le tour du « basselle » rembourré qui se mettait sur le dos, la dossière et la sous-ventrière pour atteler la bête aux brancards des charrettes.
Sur le bois du collier étaient fixés deux crochets tenus par des « billots » également en bois comme un genre de cheville.
Dans son échoppe Albert Guillebeau suspendait les harnais en attente de réparation. Les chevaux étaient nombreux et le travail n’était pas caché – une petite révision s’imposait, etc…
Mais peu à peu, l’arrivée des tracteurs les supprima, le métier s’avérant superflu notre artisan ne fut pas remplacé. Au revoir Monsieur le bourrelier, vous n’êtes plus qu’un souvenir chez nous !

lundi 8 février 2010

Poursuite de la série des vieux métiers exercés dans la commune…

Maintenant, on englobe dans le nom d’employés communaux ce qui était autrefois le cantonnier et le garde champêtre.
Employé communal si vous voulez mais leur travail est en premier lieu celui de cantonnier. Autrefois, cet employé balayait le bourg, les bordures de route, élaguait les haies le long des chemins, armé d’un balai, d’une brouette, d’une « piarde » (pioche) pour les « saignées », d’un « croissant » pour les palisses. Il sifflotait en travaillant, heureux de son sort.
Plus pénible, il y a presque 200 ans les cantonniers, cassaient les cailloux à la masse et les tassaient ensuite avec une « dame ».
Aujourd’hui, plus de garde champêtre, seulement des cantonniers.

Nous avons en mémoire les gardes champêtres qui se sont succédé dans la commune : Rodier, Chaffaud, Mollé et Mercier.
Ces personnages assermentés étaient munis d’une brassière portant une plaque de cuivre.

Ils avaient le droit de verbaliser, même les bergères qui étaient en défaut, laissant leurs bêtes paître sur les récoltes des voisins. Ce rôle de gendarme exercé quelquefois mal à propos ne leur faisait pas que des amis.
Les avis de la mairie arrivaient aux administrés par la voix du garde champêtre.

Un roulement de tambour, une sonnerie de clairon et « Avis à la population ». On apprenait ainsi les nouvelles en se rassemblant par quartier. Après plusieurs pauses dans la commune, il partait dans les villages et recommençait les mêmes énoncés.
A cette époque, notre homme avait la charge d’allumer le poêle des écoles et il lui arrivait de scier le bois auparavant. Ensuite s’il n’y avait pas à battre le tambour, il devenait cantonnier. Il se sortait bien de tout ce travail sans engins perfectionnés.

Dans notre bourg, il existait une équipe de cheminots. De bonne heure, ils partaient pour entretenir la voie ferrée. Les traverses, les rails, le ballaste, ne résistaient pas à leur travail d’équipe. Dans un Ho-Hisse retentissant, ils soulevaient le matériel avec des leviers. Un peu de fumée le long de la voie, c’était le jour du nettoyage des « palisses » (haies) qui longeaient les bordures.

La spécialité de plusieurs femmes de la commune était le lavage du linge à domicile. Elles s’appelaient Maria, Alphana, Marie, le savon et la brosse étaient leurs outils journaliers. Elles lavaient sur une planche au-dessus d’un baquet et le linge mouillé et rincé était posé à cheval sur un tréteau.

N’oublions pas de mentionner le travail à mi-temps (heureusement) du meneur de corbillard à cheval. Point de pompes funèbres pour assurer ce service. Ce fut au fil du temps, Menisse, Trichet, Four. Le corbillard est lui aussi disparu ! place au progrès.


Autre personnage qui existe encore mais rien de comparable. Le facteur du passé.
Notre « Hildevert Lavauzelle», blessé de guerre en 1916, partait été comme hiver, à la gare de Salles Moussac chercher le courrier.
Muni d’une grande sacoche de cuir en bandoulière, il enfourchait un vélo. L’hiver une grande pèlerine le protégeait. S’il y avait des colis, il les suspendait au guidon et sûrement en bougonnant il arrivait à la Poste.
Sa tournée se faisait à pied ou en vélo pour les plus éloignés.
C’est également par la gare de Salles-Moussac que partait le courrier.

Le paysan


Le paysan
Pour le touriste qui passe vertigineusement sur la route, le paysan est un être sourd, lent, inexplicable, qui conduit un attelage mérovingien.
Pour le touriste flâneur, ami des chemins de traverse, et des chanceuses petites auberges, le paysan, du moins le paysan d’été, est un homme dont la montre retarde d’une heure.
L’avarice paysanne ! ce fut hélas pendant des siècles une vertu obligatoire. Mais la dureté du cœur n’était pas plus fréquente qu’ailleurs, elle l’était peut-être moins. Certes, les doigts noueux du chef de famille ne lâchaient pas volontiers le pauvre argent si douloureusement arraché à la terre ; mais qu’un mendiant se présentât à la porte, s’il restait du pain dans la huche, il avait droit à sa part.
Or, on comptait les mendiants par centaines de mille, il y a seulement trente ans, et l’immense majorité d’entre eux ne vivait que des aumônes paysannes.
Sache bien, touriste, que le paysan que tu rencontres est de ta race ; ne monte pas au sommet de la tour pour lui parler. Ne cherche pas non plus tous les mots patois de ton répertoire ; il entend le français. Lorsque tu seras en verve de bonhomie, ne lui frappe pas sur l’épaule en l’appelant « Mon brave »
Quoiqu’on dise, il est plus digne.

Touriste, je t’assure que le paysan est un homme tout à fait semblable à toi.

Ernest Perrochon – extrait de « Paysan d’aujourd’hui » 04 avril 1926
La France paysanne - La France de la ville




Que pense-t-on maintenant ?
Le progrès a transformé la vie mais les mentalités sont encore les mêmes et les paysans modernes ne sont toujours que des paysans.

mardi 2 février 2010

La traversée du village

Deux routes principales traversent notre village : la RD 736 et la RD 27
En bref, nous allons retracer l’histoire de ces deux voies de communication.
La RD 736
La route nationale 736 ou RN 736 est une ancienne route nationale française qui reliait Ruffec à Saint-Fort-sur-le-Né. A sa création en 1933, elle est définie comme la route de Ruffec à Archiac. Le trajet de Saint-Fort-sur-le-Né à Archiac se faisait alors via la N 731.
En partant de Ruffec, elle traverse alors les villages et les villes de Courcôme, Charmé, Tusson, Aigre, Gourville, Le Breuil, Lignières, La Gimbeaudière, Rouillac puis Sigogne, Jarnac, Segonzac… Juillac-le-Coq et enfin se termine à Saint-Fort-Sur-le-Né.
Elle a été déclassée en 1973

1855 – un article tiré du CR du Conseil Général mentionne le renouvellement d’un vœu du Conseil d’arrondissement de Ruffec au sujet de l’élargissement de la traverse de Courcôme.

La RD 27
La D 27 actuelle était autrefois le chemin de grande communication n° 27 qui reliait Salles (Haute-Vienne) à Villefagnan.
En 1836, le gouvernement de Louis Philippe décide d’améliorer le réseau routier rural.
Le tracé de cet axe qui devait relier l’Est à l’Ouest de la Charente fut longuement étudié et débattu. Localement la commune de Tuzie obtint en 1838 du préfet d’être reliée à Courcôme et ce malgré d’importants travaux liés en particulier à la présence de marais.
En effet, n’ayant ni église ni cimetière, les morts de Tuzie devaient en empruntant un mauvais chemin être portés jusqu’au cimetière de Courcôme (on remarque encore la présence d’une « Pierre aux morts » qui permettait aux porteurs de faire une halte)
1853 - Un article tiré du compte-rendu du Conseil Général de 1853, évoque la traversée du bourg par cette route et le reste des travaux à effectuer pour la prolonger et la réparation à effectuer sur la portion entre Salles (Charente) et Tuzie suite aux dommages occasionnés par les entreprises œuvrant pour la voie ferrée.
En 1923, on évoque déjà les réparations entre Courcôme et Raix – opération cylindrage