lundi 8 février 2010

Le paysan


Le paysan
Pour le touriste qui passe vertigineusement sur la route, le paysan est un être sourd, lent, inexplicable, qui conduit un attelage mérovingien.
Pour le touriste flâneur, ami des chemins de traverse, et des chanceuses petites auberges, le paysan, du moins le paysan d’été, est un homme dont la montre retarde d’une heure.
L’avarice paysanne ! ce fut hélas pendant des siècles une vertu obligatoire. Mais la dureté du cœur n’était pas plus fréquente qu’ailleurs, elle l’était peut-être moins. Certes, les doigts noueux du chef de famille ne lâchaient pas volontiers le pauvre argent si douloureusement arraché à la terre ; mais qu’un mendiant se présentât à la porte, s’il restait du pain dans la huche, il avait droit à sa part.
Or, on comptait les mendiants par centaines de mille, il y a seulement trente ans, et l’immense majorité d’entre eux ne vivait que des aumônes paysannes.
Sache bien, touriste, que le paysan que tu rencontres est de ta race ; ne monte pas au sommet de la tour pour lui parler. Ne cherche pas non plus tous les mots patois de ton répertoire ; il entend le français. Lorsque tu seras en verve de bonhomie, ne lui frappe pas sur l’épaule en l’appelant « Mon brave »
Quoiqu’on dise, il est plus digne.

Touriste, je t’assure que le paysan est un homme tout à fait semblable à toi.

Ernest Perrochon – extrait de « Paysan d’aujourd’hui » 04 avril 1926
La France paysanne - La France de la ville




Que pense-t-on maintenant ?
Le progrès a transformé la vie mais les mentalités sont encore les mêmes et les paysans modernes ne sont toujours que des paysans.