mardi 16 mars 2010

Cheminée et électricité

A travers les siècles le feu de cheminée est un mythe qui se transmet. On a toujours aimé se rassembler autour pour se reposer, discuter et autrefois s’éclairer.
N’aime-t-on pas aujourd’hui admirer la flamme qui danse en robe rouge orangée au fond de l’âtre ?

Tout près de la porte en entrant on pouvait remarquer la « maie ».


C’était le pétrin que la ménagère tous les 8 jours utilisait de ses mains agiles. Elle fabriquait le pain avant que n’apparaissent les boulangeries. Un coup de chiffon pour la poussière, elle retirait le sac de farine. Elle en versait une corbeille dans le pétrin, 3 cuillères à soupe de gros sel, le levain (gardé de l’autre pâte), ½ litre « une chopine » d’eau tiède, une pincée de sucre. La pâte était pétrie jusqu’à ce qu’elle devienne homogène.

Elle remplissait les moules garnis de grosse toile, recouvrait le tout d’un linge blanc. Cet ensemble allait trouver place, à l’abri des courants d’air sous l’édredon du lit encore chaud.
Ensuite cette pâte se cuisait au four « banal » (pour tout le village) comme tu as vu aux Marchis.

Et pour finir la description de la « maison » face à la porte, en entrant, un « tenailler ».
- Qu’est ce que c’est ce nom bizarre ?
- C’était une sorte d’étagère suspendue à chaque extrémité. On y déposait le pain, les pots de graisse, de grillons, on y suspendait les boudins.
- Et les mouches ?
- Le garde manger protégeait les fromages et ce qui était entamé.

La conservation plus ou moins parfaite affectait peut être la santé de ces générations traîne misère. La nourriture en tous cas était vraiment bio, elle !!!

On s’éclairait avec un « chaleuil », petit objet où brûlait une mèche trempée dans l’huile.

La bougie sur son chandelier de cuivre ou autre métal.

Puis les lampes à pétrole avec un beau globe de verre, les lampes à chapeau de gendarme suspendues au plafond. Voici l’éclairage modeste qui laissait deviner l’intérieur de la pièce comme si quelque fantôme y habitait.


L’électricité, ce fut la fée du logis. Que n’entend-on pas dire à cette nouvelle ? On redoutait de nombreux maux. On pensait que cette intrusion encore tellement méconnue, allait brûler les yeux et condamner la vue des enfants. Alors certains persistaient à refuser de laisser pénétrer cette invention diabolique.
Ce fut aux alentours de 1923 que les premiers contrats se signèrent dans notre campagne.













On était encore bien loin d’en connaître tous les avantages. Si les anciens revenaient, c’est le cas de le dire, ils n’en croiraient pas leurs yeux.
Pour ponctuer cette vie de gagne petit une belle horloge comtoise égrenait les minutes de ces dures journées.


Le son métallique des heures, agrémentait la monotonie des jours d’hiver. Le balancier était en feuille de cuivre richement travaillé.
Des bouquets champêtres ornaient le boîtier. La pendule comme on disait était haute et semblait dominer toute la maison. Qu’elles étaient belles ces pendules !!! elles le sont encore.

La maison des anciens

Allo Mamie !!!
- J’arrive en vacances pour quelques jours. Que vas-tu pouvoir me raconter ?
- J’ai encore beaucoup de souvenirs qui sommeillent dans ma mémoire.
- J’aime bien lorsque tu m’écris Mamie. Tu sais, je conserve précieusement tes lettres dans un tiroir. Rassure-toi, je n’oublie pas non plus ce dont on discute.
- Je t’attends avec impatience, ma chérie !!

Deux jours après nous étions ensemble et les questions fusèrent avec curiosité.
- Tu vois, Mamie ce qui me plaît c’est d’établir une comparaison entre nos jours et le siècle passé. Déjà, je ne comprends pas un tel changement ?
- Tu vas être certainement très étonnée de pénétrer dans l’habitation de nos ancêtres. La « maison » c’était l’unique grande pièce bâtie à chaux et à sable, les murs étaient presque construits à sec. Cette maison servait de cuisine, de chambre à coucher, de salle à manger et de salle de bain.
- Dans une seule pièce ?
- Bien sûr ! le sol était de terre battue.
- Attends, mamie, explique moi ?
- C’était ainsi, la terre était tassée, retassée, piétinée sous les clous des sabots de bois lourds et encombrants.
- Comment faisait-on pour balayer ?
- Devenue lisse, le sol était nettoyé avec un balai de genêt ou de bois de palisse (sainllin). Un peu plus tard, des petits cailloux taillés furent disposés en rosaces, une espèce de carrelage rudimentaire qui portait le joli nom de « cœur de demoiselle ». Pas de ciment pour fixer les cailloux. Peu à peu ils se fixaient grâce à la poussière et à la boue qui pénétraient sous les chaussures.
- C’était solide Mamie ?
- Ma petite Alice il en existe encore d’origine. Maintenant on essaie, pour l’aspect rustique de les remettre au goût du jour.
- Nos aïeux possédaient-ils des meubles ?
Poussant une porte à gros clous, toute en bois sans vitre, dans la pièce un peu sombre – en face, 2 lits, sur un côté la cheminée, le potager, à droite entre la fenêtre et la porte la maie, des étagères plus ou moins gondolées étaient fixées au mur. On y rangeait le linge. Dans l’angle sans lumière, derrière la porte une sorte de garde-manger.
- Deux lits et s’ils étaient plus de 4 personnes, comment faisaient-ils ?
- Le lit des parents et l’autre celui des enfants ; s’ils étaient plusieurs les uns couchaient à la tête et les autres aux pieds. Pas à rechigner, les jambes s’emmêlaient et chacun restait sage dans son coin. Chez certains on se risquait à fabriquer une sorte de bahut pour camoufler les vêtements.
- Les anciens où logeaient-ils ? avec la famille ?
- Effectivement – alors on essayait d’ajouter une sorte de pièce de la plus grande rusticité communiquant avec la pièce principale.
Le lit se composait d’un montant un peu semblable aux nôtres. Le sommier, c’était des planches, sur lesquelles en guise de matelas était posée une paillasse.
- Une paillasse !
- Oui, c’était comme un grand sac de toile tout fermé, sauf deux ouvertures de chaque côté pour passer les mains et brasser l’intérieur. Ce fameux sac était bourré au départ de feuilles, d’herbes sèches remplacées plus tard par les « panouilles de garouille » (feuilles sèches du maïs). On y faisait son trou et on y était au chaud. Un édredon de plumes de volailles couvrait les pieds. Les draps de toile filés à la main garnissaient l’intérieur du lit. Petit à petit, l’usage de la plume remplaça la paillasse et l’on couchait sur « un lit de plumes », de grandes couvertures de coton blanc apparurent, les armoires prirent leur place et on évolua de plus en plus. Bonnetières et armoire lingère furent de plus en plus décorées. On les retrouve de nos jours.
Les lits à baldaquins firent fureur. Assez haut du sol, ils étaient entourés en général de rideaux, bleu et gris et suspendus au plafond par une sorte de carré de bois. On tirait les rideaux pour se protéger des courants d’air et peut-être pour un peu plus d’intimité. Malgré tout, caché sous le lit on apercevait toujours le pot de chambre pour satisfaire aux besoins de la nuit.
- Tu viens m’aider Alice à fricasser le poulet ?
- Sur la gazinière, Mamie ?
- Bien sûr, nous sommes de la race paysanne moderne ! nous sommes de votre temps !!!

jeudi 11 mars 2010

Les marchands ambulants

Coucou Alice,
Socrate, un philosophe, un sage de l’antiquité affirmait que les gens qui n’ont pas une activité intellectuelle se mettent en danger. Une estimation fait apparaître que le cerveau perdait 7 à 8 % de ses facultés si on ne le faisait pas travailler.
Alors, ma chérie pour prévenir ce grave problème, je continue à fouiller dans le passé pour le transcrire au présent.

Ainsi donc, on peut penser que beaucoup des plus anciens habitants n’ont pas oublié tous ces marchands ambulants qui sillonnaient rues et ruelles.
C’était Fouché de Mansle et ses tissus.

Badin de Tuzie qui présentait à peu près les mêmes marchandises. La confection était arrivée jusqu’à nous. Ils avaient aussi des sous-vêtements dans leur camion.
A peu près tous les mois, ils visitaient leurs clientèles. M. Clergeau de Charmé passait lui aussi.

Ambulant aussi, le bouilleur de cru. Il installait son alambic dans ce que l’on appelait « l’atelier public ». C’était le lieu fixé par les indirectes. Lieu bien défini où pouvaient s’exercer les contrôles par les « rats de cave ».

En premier, ce fut dans la coulée entre la maison Goyot et l’autre maison.
Notre ouvrier après avoir fixé sa machine allumait la chaudière. Le cultivateur qui apportait le vin ou la lie à distiller fournissait les bûches pour alimenter le feu.
Puis, sur un ordre venu de la direction, un nouvel endroit fut imposé.
Le bouilleur s’installa donc devant le cimetière où il continua à distiller l’eau-de-vie.
Sortant de l’alambic, pour tromper l’ennemi et éviter des amendes, le précieux produit se cachait derrière les tombes. Auparavant d’un œil inquisiteur, le patron avait scruté l’horizon. Si les morts pouvaient parler ils nous livreraient leurs secrets et où se dissimulaient les bonbonnes, fruits du délit.

Pour le transport de l’aller et du retour, il fallait pouvoir montrer patte blanche avec un laissez-passer.
Celui-ci était délivré au bureau de tabac qui outre cette fonction tenait le fameux registre de la Régie. Plus tard, le transport du grain, vers le lieu de collecte, fut soumis à la même exigence.
Ce travail de « papasserie » était à la charge d’Albéric Lavauzelle le mari de l’épicière.

Deux autres marchands ambulants traversaient le bourg. Ils apportaient, sardines salées, morues séchées, harengs saurs, en priorité. Le système de réfrigération n’était encore pas venu jusqu’à eux. Duchazeau, le plus ancien, auquel succéda le père Maufras, homme jovial semant la bonne humeur. Il vendait aussi à cette époque quelques légumes et son slogan préféré « Maufras, la santé du foie », s’accompagnait d’une démonstration de l’artichaut le plus beau.
Les gens de la campagne n’allaient pas au marché, le marché venait à eux. Maintenant tout est différent ! La suite à plus tard…

dimanche 7 mars 2010

Les boulangeries courcômoises

Ma petite Alice,
Pour un tour d’horizon plus complet je ne voudrais pas oublier de te parler d’une ancienne boulangerie qui était située face à l’épicerie « Lavauzelle ».
La famille Brumaud, père et fils, c’est-à-dire Jules, Jean et Marcel.
La minoterie et la boulangerie fonctionnaient dans cet établissement.
Le moulin était alimenté par le grain que les cultivateurs fournissaient. En échange du blé on recevait des bons qui servaient à payer le pain. Ils étaient équivalents à un pourcentage par rapport au quintal livré.
Des ouvriers fabriquaient le pain.
Mme Brumaud servait à la boulangerie les grosses miches, les grosses couronnes. Pas de pain fantaisie !
Jean faisait les tournées pour les clients les plus éloignés. Il leur apportait outre le pain, du son et des « recoupes » pour les animaux (déchets recueillis au moulin)
Un coup de corne et les gens se rassemblaient autour de la voiture (à cheval autrefois).
Ici, aussi on apprenait les dernières nouvelles et notre Jean n’oubliait pas d’apprendre à ses clients le décès d’un tel ou d’un tel. On comptait sur lui, car dans les villages et loin de l’église on n’entendait pas toujours le glas.
Marcel, lui avait un travail tout à fait particulier. Il préparait le bois pour le four et à la fin des fournées, il le nettoyait. A l’aide de sa « patrouille » il ramassait les cendres et les petits morceaux de charbon restants.
La « grande mare » était toute proche. C’est là qu’il allait agiter cet ustensile de fortune qui était fait d’une gaule au bout de laquelle était suspendu un grand chiffon ou un morceau de sac de jute. De nos jours, on crierait au scandale et on serait assuré d’une mort certaine. Eh bien, tous ceux qui ont mangé du pain ont survécu très longtemps.
L’établissement, lui se transforma en cendres.
Comme tous les commerces, la boulangerie aurait disparu si un remplaçant n’était arrivé. Comble de malheur un jour le bâtiment brûla.
Il fallut trouver une solution.
La municipalité eut l’idée de faire un atelier relais et de jeunes boulangers s’installèrent à la place de l’ancienne boucherie.
Dieu merci, nous avons toujours une boulangerie. Nous lui souhaitons prospérité.

Archives du Conseil Municipal :

Le 10 juillet 1910, le maire informe le Conseil que de nombreuses plaintes s’élèvent contre les boulangers établis dans la commune et contre ceux des communes limitrophes qui importent du pain dans la commune vu l’infidélité du poids et du prix du pain, prie le conseil de délibérer et de prendre des mesures nécessaires à cet effet. Le Conseil a saisi le procureur de la République d’une plainte écrite de laquelle une enquête est en cours.

Depuis un temps très reculé, presque tous les propriétaires échangent avec le boulanger 80kg de blé contre 75 kg de pain. Les plaintes portées, il en résulte que généralement les boulangers donnent en réalité à leurs clients que 64 ou 68 kg de pain d’où l’infidélité sur le poids d’une part. Que le pain de 5kg ne pèse en réalité que 4,20kg au plus et que ce pain qui est de 2ème qualité est vendu même prix que celui de 1ère qualité est avantageux pour les boulangers d’autre part.

Le Conseil a :

1 – fait une taxe sur le pain vendu sur la commune

2 – une balance sera achetée aux frais de la commune et vérifiée par les poids et mesures, sera déposée dans la salle de la mairie et toute personne intéressée pourra venir faire vérifier gratuitement le poids du pain et d’autres denrées alimentaires destinées à la consommation publique.

Le garde champêtre commis à cet effet pourra constater les irrégularités et dresser procès-verbal.

les boucheries et les bars

Si l’on remonte dans le temps, une boucherie « Chez Galabet », existait déjà. Elle se tenait à l’actuelle maison Chailleu.
Après quelques années s’installa à Courcôme la boucherie Goumain venant de Tuzie. Elle approvisionnait les habitants en viande fraîche, abattue et découpée sur place. Gaston Goumain achetait et abattait lui-même les bêtes.
Les fermiers en ce moment là possédaient tous un troupeau de vaches. Elles étaient peu nombreuses dans chaque étable. On était loin des stabulations libres. Les bêtes étaient nourries avec les récoltes, foin, betteraves, topinambours, grain aplati ou moulu en farine.
Le boucher se rendait donc chez le propriétaire, il examinait la bête, la tâtait pour estimer les muscles.
Son expérience lui permettait d’évaluer à quelques kilos près le poids de l’animal. Bien sûr, il marchandait un peu, trouvait quelques défauts : trop grasse, pas assez, manque de forme. Après quelques temps de discussions, le marché se concluait en se tapant dans la main. Ainsi la vache allait partir pour l’abattoir. C’était Gaston qui tuait lui-même les bêtes qu’il achetait.
Le même sort était réservé aux veaux et aux agneaux. Leur dernière destination, c’était l’abattoir situé au fond de la cour, triste sort !!!
Madame Nénette Goumain servait au magasin. Elle sortait la viande en quartier et servait les clients suivant leurs désirs.
Quand Gaston cessa ses activités, Henri Bailloux reprit le flambeau, parfaitement secondé à la vente par Jeanne sa femme tout aussi active et agréable que Mme Goumain. Ils décideront de cesser ce commerce. L’établissement fut mis en vente.
Plusieurs années de patience et la commune est devenue propriétaire des lieux.

Deux bars dans la commune permettaient d’étancher sa soif…. Ou de se réunir pour boire un coup en trinquant. Certains tapaient la belote pour excuser leur oisiveté.
Albéric Lavauzelle servait avec patience derrière son comptoir. Il lui arrivait de rester très tard pour accompagner les derniers joueurs.


M. J Mangon livrait les barriques au café Desvaux
Au marronnier, le café Desvaux tenu très longtemps par Angela accueillait d’autres consommateurs. Nous pouvons faire mention spéciale pour Fleurine sa fidèle compagne.
La livraison du vin se faisait en voiture à cheval. Il arrivait à la gare de Moussac en grosses barriques. Les vignes étaient encore victimes des séquelles du phylloxera.

L'artisanat à Courcôme

Ma chérie,

Tu me revoies la balle en me disant que tu comprends difficilement que le village soit devenu si pauvre en artisans.

Tu m’as réveillé l’esprit et j’ai pu ajouter à la liste que tu détiens, plusieurs autres travailleurs spécialisés :
- les menuisiers Cadier père et fils, qui pour compléter leurs revenus exploitaient une petite benasse*.
- un autre maréchal-ferrant Branchelot, à l’extrémité sud du bourg lui aussi, s’attaquait plutôt aux outils pour les réparer, les affûter.
- Courcôme était le lieu privilégié des tailleurs pierre et des maçons, les maisons de 1850, ou plus étaient leurs œuvres.
- Un autre menuisier Thomas était venu s’installer dans un vrai réduit au « Petit Village de la Croix Geoffroy ». Pour avoir en possession quelques meubles fabriqués de sa main, la précision des dimensions laisse à désirer. C’est vois-tu le charme de l’artisanat, rien ne se ressemble exactement !
- Au milieu du village, voisine de la mairie, cette maison abritait la famille Rontet Célestin. Je peux même te donner son surnom, on l’appelait « Pompon ». Cet homme s’occupait d’entretenir les entourages des tombes, en priorité, tout en vaquant à des travaux chez les particuliers.

Les 35 heures n’existant pas on pouvait voir ces gens travailler à leur rythme, la plupart du temps à la main et réaliser des œuvres qui existent encore.

Alors grand merci pour tout ce que vous nous avez laissé.

* Benasse : Bien matériel, sa propriété