mardi 16 mars 2010

La maison des anciens

Allo Mamie !!!
- J’arrive en vacances pour quelques jours. Que vas-tu pouvoir me raconter ?
- J’ai encore beaucoup de souvenirs qui sommeillent dans ma mémoire.
- J’aime bien lorsque tu m’écris Mamie. Tu sais, je conserve précieusement tes lettres dans un tiroir. Rassure-toi, je n’oublie pas non plus ce dont on discute.
- Je t’attends avec impatience, ma chérie !!

Deux jours après nous étions ensemble et les questions fusèrent avec curiosité.
- Tu vois, Mamie ce qui me plaît c’est d’établir une comparaison entre nos jours et le siècle passé. Déjà, je ne comprends pas un tel changement ?
- Tu vas être certainement très étonnée de pénétrer dans l’habitation de nos ancêtres. La « maison » c’était l’unique grande pièce bâtie à chaux et à sable, les murs étaient presque construits à sec. Cette maison servait de cuisine, de chambre à coucher, de salle à manger et de salle de bain.
- Dans une seule pièce ?
- Bien sûr ! le sol était de terre battue.
- Attends, mamie, explique moi ?
- C’était ainsi, la terre était tassée, retassée, piétinée sous les clous des sabots de bois lourds et encombrants.
- Comment faisait-on pour balayer ?
- Devenue lisse, le sol était nettoyé avec un balai de genêt ou de bois de palisse (sainllin). Un peu plus tard, des petits cailloux taillés furent disposés en rosaces, une espèce de carrelage rudimentaire qui portait le joli nom de « cœur de demoiselle ». Pas de ciment pour fixer les cailloux. Peu à peu ils se fixaient grâce à la poussière et à la boue qui pénétraient sous les chaussures.
- C’était solide Mamie ?
- Ma petite Alice il en existe encore d’origine. Maintenant on essaie, pour l’aspect rustique de les remettre au goût du jour.
- Nos aïeux possédaient-ils des meubles ?
Poussant une porte à gros clous, toute en bois sans vitre, dans la pièce un peu sombre – en face, 2 lits, sur un côté la cheminée, le potager, à droite entre la fenêtre et la porte la maie, des étagères plus ou moins gondolées étaient fixées au mur. On y rangeait le linge. Dans l’angle sans lumière, derrière la porte une sorte de garde-manger.
- Deux lits et s’ils étaient plus de 4 personnes, comment faisaient-ils ?
- Le lit des parents et l’autre celui des enfants ; s’ils étaient plusieurs les uns couchaient à la tête et les autres aux pieds. Pas à rechigner, les jambes s’emmêlaient et chacun restait sage dans son coin. Chez certains on se risquait à fabriquer une sorte de bahut pour camoufler les vêtements.
- Les anciens où logeaient-ils ? avec la famille ?
- Effectivement – alors on essayait d’ajouter une sorte de pièce de la plus grande rusticité communiquant avec la pièce principale.
Le lit se composait d’un montant un peu semblable aux nôtres. Le sommier, c’était des planches, sur lesquelles en guise de matelas était posée une paillasse.
- Une paillasse !
- Oui, c’était comme un grand sac de toile tout fermé, sauf deux ouvertures de chaque côté pour passer les mains et brasser l’intérieur. Ce fameux sac était bourré au départ de feuilles, d’herbes sèches remplacées plus tard par les « panouilles de garouille » (feuilles sèches du maïs). On y faisait son trou et on y était au chaud. Un édredon de plumes de volailles couvrait les pieds. Les draps de toile filés à la main garnissaient l’intérieur du lit. Petit à petit, l’usage de la plume remplaça la paillasse et l’on couchait sur « un lit de plumes », de grandes couvertures de coton blanc apparurent, les armoires prirent leur place et on évolua de plus en plus. Bonnetières et armoire lingère furent de plus en plus décorées. On les retrouve de nos jours.
Les lits à baldaquins firent fureur. Assez haut du sol, ils étaient entourés en général de rideaux, bleu et gris et suspendus au plafond par une sorte de carré de bois. On tirait les rideaux pour se protéger des courants d’air et peut-être pour un peu plus d’intimité. Malgré tout, caché sous le lit on apercevait toujours le pot de chambre pour satisfaire aux besoins de la nuit.
- Tu viens m’aider Alice à fricasser le poulet ?
- Sur la gazinière, Mamie ?
- Bien sûr, nous sommes de la race paysanne moderne ! nous sommes de votre temps !!!