dimanche 7 mars 2010

Les boulangeries courcômoises

Ma petite Alice,
Pour un tour d’horizon plus complet je ne voudrais pas oublier de te parler d’une ancienne boulangerie qui était située face à l’épicerie « Lavauzelle ».
La famille Brumaud, père et fils, c’est-à-dire Jules, Jean et Marcel.
La minoterie et la boulangerie fonctionnaient dans cet établissement.
Le moulin était alimenté par le grain que les cultivateurs fournissaient. En échange du blé on recevait des bons qui servaient à payer le pain. Ils étaient équivalents à un pourcentage par rapport au quintal livré.
Des ouvriers fabriquaient le pain.
Mme Brumaud servait à la boulangerie les grosses miches, les grosses couronnes. Pas de pain fantaisie !
Jean faisait les tournées pour les clients les plus éloignés. Il leur apportait outre le pain, du son et des « recoupes » pour les animaux (déchets recueillis au moulin)
Un coup de corne et les gens se rassemblaient autour de la voiture (à cheval autrefois).
Ici, aussi on apprenait les dernières nouvelles et notre Jean n’oubliait pas d’apprendre à ses clients le décès d’un tel ou d’un tel. On comptait sur lui, car dans les villages et loin de l’église on n’entendait pas toujours le glas.
Marcel, lui avait un travail tout à fait particulier. Il préparait le bois pour le four et à la fin des fournées, il le nettoyait. A l’aide de sa « patrouille » il ramassait les cendres et les petits morceaux de charbon restants.
La « grande mare » était toute proche. C’est là qu’il allait agiter cet ustensile de fortune qui était fait d’une gaule au bout de laquelle était suspendu un grand chiffon ou un morceau de sac de jute. De nos jours, on crierait au scandale et on serait assuré d’une mort certaine. Eh bien, tous ceux qui ont mangé du pain ont survécu très longtemps.
L’établissement, lui se transforma en cendres.
Comme tous les commerces, la boulangerie aurait disparu si un remplaçant n’était arrivé. Comble de malheur un jour le bâtiment brûla.
Il fallut trouver une solution.
La municipalité eut l’idée de faire un atelier relais et de jeunes boulangers s’installèrent à la place de l’ancienne boucherie.
Dieu merci, nous avons toujours une boulangerie. Nous lui souhaitons prospérité.

Archives du Conseil Municipal :

Le 10 juillet 1910, le maire informe le Conseil que de nombreuses plaintes s’élèvent contre les boulangers établis dans la commune et contre ceux des communes limitrophes qui importent du pain dans la commune vu l’infidélité du poids et du prix du pain, prie le conseil de délibérer et de prendre des mesures nécessaires à cet effet. Le Conseil a saisi le procureur de la République d’une plainte écrite de laquelle une enquête est en cours.

Depuis un temps très reculé, presque tous les propriétaires échangent avec le boulanger 80kg de blé contre 75 kg de pain. Les plaintes portées, il en résulte que généralement les boulangers donnent en réalité à leurs clients que 64 ou 68 kg de pain d’où l’infidélité sur le poids d’une part. Que le pain de 5kg ne pèse en réalité que 4,20kg au plus et que ce pain qui est de 2ème qualité est vendu même prix que celui de 1ère qualité est avantageux pour les boulangers d’autre part.

Le Conseil a :

1 – fait une taxe sur le pain vendu sur la commune

2 – une balance sera achetée aux frais de la commune et vérifiée par les poids et mesures, sera déposée dans la salle de la mairie et toute personne intéressée pourra venir faire vérifier gratuitement le poids du pain et d’autres denrées alimentaires destinées à la consommation publique.

Le garde champêtre commis à cet effet pourra constater les irrégularités et dresser procès-verbal.