lundi 27 décembre 2010

Le maïs et autres cultures de plein champ

- Que de maïs dans les champs, Mamie ! ces récoltes étaient aussi abondantes dans cette période dont tu me parles ?

- Non ma petite Alice, c’était des mini-récoltes par rapport à aujourd’hui, pas de commercialisation, seulement de la production pour les besoins de la ferme.

On confiait à la terre le maïs grain par grain derrière l’oreillée du brabant. On passait le « hérisson » une petite herse articulée en ½ lune munies de 2 manchons, tirée par un cheval. La terre s’uniformisait.

Quand la plante commençait à grandir un peu, on semait à chaque pied des haricots qui grimpaient sur la tige.

- Pourquoi Mamie ?

- Parce que les propriétaires devaient économiser la terre, les parcelles étaient petites et souvent peu nombreuses. Par contre, après la récolte des haricots l’été, celle du maïs grain attendra le mois de novembre.

Les hectares cultivés servaient, à part au blé, essentiellement à la nourriture des bêtes.

Donc il fallait être perspicace et organisé. Dans le maïs on semait des navets à la volée, un coup de houe entre les rangs et voilà une future récolte pour les vaches.

Le maïs se semait très épais pour faire du « garouillaud » qui subvenait en complément du pâturage pour les bovins. On le fauchait à la faux et on remplissait le tombereau à la fourche.

- Mamie, ce système annonçait peut-être l’ensilage ?

- Ce maïs ne produisait pas de grain, on l’utilisait jeune sans épis bien sûr.

La récolte du maïs grain attendait les ramasseurs vers le mois de novembre. Travail fastidieux qui consistait à casser les épis et à les déposer un à un dans le tombereau qui se basculait dans la grange.






Les épis étaient alors « épigouillés » à la veillée. Heureusement que tout existait à une petite échelle.

Quand la récolte s’intensifia on pouvait voir les séchoirs à maïs aux abords des fermes. Le maïs y passait ainsi l’hiver dans ce qui était aussi appelé un crible à maïs.


C’était aussi le moment de planter les topinambours. Ce tubercule était coupé en deux car là aussi il existait plusieurs germes. On les faisait « à plat », c'est-à-dire derrière le brabant toutes les 3 « oreillées ». Culture peu sensible, un coup de bêche on les « chaussait », on les recouvrait profondément avec la charrue. Elles attendaient la récolte, au début de l’année suivante. Cet aliment était connu pour le bétail, il était très précieux pour l’engraissement des bœufs et des vaches durant la fin de l’hiver. Les cochons eux aussi avaient leur part. On les arrachait à la charrue – la gelée commençait à décoller la terre, puis à l’aide d’un « piardon » on finissait de les enlever du trognon. On les mettait en rang pour les ramasser – on disait qu’on « secouait les topines ». Il a fallu la guerre de 40 pour le réintroduire dans l’alimentation humaine.


Dans les années 50 on s’aventura dans la culture des « oeillettes » prémices du colza. On espérait de l’huile de cette plante aux fleurs multicolores qui était en fait du pavot (sans mauvaise réputation). La France reste d’ailleurs dans les années 2000 le 3ème producteur mondial de cette variété cultivée pour ces très petites graines que l’on retrouve sur certains pains par exemple.

Pavot noir ou oeillette
La navette (Brassicaceae) trouvait également une place dans la famille des oléagineux et était cultivée pour les graines ou comme plante fourragère. La récolte se faisait avec une sorte de faucheuse. Le battage s’effectuait à la machine à battre.

Navette en fleur
Alors que la moutarde est aujourd’hui considérée comme engrais vert, on l’utilisait dans les années 50 pour son huile.