La charrue ayant subi des améliorations, semer le grain ne posait plus tout à fait le même problème.
Fini cet attelage insolite où l’homme ou parfois la femme tirait l’instrument au moyen de cordes ou de lanière.
Les vaches furent dressées et attelées par 2 sous un joug « jhouc » lié à leurs têtes par des « julles *».
La femme guidait les bêtes parfois à reculons l’aiguillon à la main. Les ânes étaient de corvée, rustique de petites tailles, ils étaient un peu plus alertes que les vaches.
Pour éviter l’usure de la corne, on passait chez le maréchal ajuster les fers des vaches bien différents des autres.
On semait le grain à la main derrière la charrue grain par grain. Ce travail mobilisait toute la famille car derrière le semeur il fallait couvrir le grain : travail des femmes et des enfants qui devaient écraser les mottes pour que le grain ne paraisse plus. On couvrait, on enfouissait la semence, c’était ça « la couvraille ».
Même si Louis XIV disait : « les laboureurs sont la portion précieuse de mes sujets », même si Napoléon prétendait que « l’âme et la base de son empire, c’était l’agriculture » il faudra attendre plus d’un long siècle dans la France profonde avant de connaître le progrès.
La manière de semer devint plus rapide et mobilisa moins de personnel. Le blé, l’orge et l’avoine était distribuée à la main.
Portant un sac de toile en bandoulière, puis un panier plus tard, le paysan marchait d’un pas régulier et mesuré. Il prenait une poignée de grains, la jambe avançait en même temps la main lançait les doigts déployés pour que le grain s’échappe et se répartisse sur toute une largeur déterminée par un jalon (une branche faisait l’affaire). Il revenait en croisant légèrement le semis.
Le geste auguste du semeur |
Les céréales étaient ainsi confiées à la terre tout l’hiver durant sans intervenir.
Au printemps on hersait à nouveau pour détruire les mauvaises herbes et si quelques ronds de chardons subsistaient on les éliminait à la bèche.
Un rouleau en bois tassait la terre pour favoriser le tallage.
Ne pensez surtout pas que le cultivateur restait taciturne derrière l’attelage. Les chansons de service militaire ressortaient des mémoires et même la tyrolienne retentissait avec force. Cette sonorité un peu étrange ne manquait pas de faire tendre l’oreille.
Mais à partir de l’après-guerre de 1940 avec la vulgarisation des brabants les herses devinrent elles aussi entièrement métalliques
Les semoirs mécaniques furent sur le marché distribuant 180 à 200 kg de semence de blé à l’hectare.
Auparavant on avait installé sur le brabant une sorte de réservoir qui semait le grain.
Ce semoir était tiré par 2 chevaux. Il était muni d’un avant-train pour mieux être dirigé à chaque bout du champ. Un système de fermeture de la distribution était utilisé au moment de tourner.
L’engin plus petit était attelé à un seul cheval (3)
Si l’on préconise la marche, à l’heure actuelle, comme moyen d’entretenir son corps, à cette époque le travail derrière les bêtes était plus que de l’entretien. Le soir venu c’était une vraie fatigue. Ni chrono, ni podomètre, on était sûr d’avoir vraiment bien bien marché.
• Les julles ou jhoulles sont des lanières pour attacher le jhouc