Bien vrai, c’était une vraie corvée cet engrais naturel avant d’arriver dans les champs pendant les jours d’hiver où la température s’annonçait plus clémente, demandait nombre de manipulations.
Les bêtes restaient dans les étables dès que le froid ne permettait plus de les sortir au champ. Les vaches à l’étable se faisaient entretenir tous les jours. On les pansait, on les nettoyait et on les trayait.
Les moutons et les chèvres continuaient à sortir et s’attaquaient plus facilement aux lierres des bois et aux repousses qui subsistaient dans les terres. On complétait cette nourriture un peu simple par des rations installées dans les râteliers ; foin, regain.
Les biques avaient droit à une ration de farine, pendant la traite. De mémoire des arrières grands mère, elles se contentaient de ce qu’elles trouvaient dans la nature.
Les vaches étaient pansées avec du foin, des betteraves, des choux, puis de la farine faite à la ferme, quant aux chevaux ; foin, avoine étaient leur lot.
Auparavant, on les emmenait boire aux puits dans les bassins remplis un peu avant leur arrivée, les chevaux eux buvaient au seau.
Des citernes avaient été construites mais il fallait en limiter l’usage à l’indispensable.
Tous ces détails nous…
- Je t’interromps – mamie, oui tous ces détails pour dire ?
- Oui tous ces détails nous conduisent vers l’utilisation du fumier.
Les vaches sont des animaux qui doivent rester propres. A cet effet, après avoir sorti le fumier de derrière leurs pattes, on l’emmenait à la brouette et on formait un tas bien rangé. Là, ô colère quand les gratte-balles passaient par là !
A ce moment, le purin n’était pas encore récupéré et s’écoulait naturellement de la « pile à fumier ». Là, la paille fermentait de longs mois avec les excréments solides la bouse et l’urine, c'était le "tas de pourén".
Cette corvée avait lieu deux fois par jour avant les traites.
La dernière manipulation avait lieu lors du roulage du fumier. Le tombereau, grosse caisse basculante le transportait jusqu’au champ.
Là, le cultivateur le tirait à l’aide d’un « tranc ou truan» sorte de fourche à 4 pions recourbés pour former des petits tas à distance régulière. Restait alors à l’éparpiller avec une fourche pour couvrir toute la surface. Cette fumure sera confiée à la terre jusqu’aux cultures de printemps et fournira les éléments nécessaires à leur croissance.
Le chimiste et agronome français Jean-Baptiste Boussingault disait : «On peut, à, première vue, juger de l'industrie et du degré d'intelligence d'un cultivateur par les soins qu'il donne à son tas de fumier ; c'est une chose déplorable de voir avec quelle négligence on laisse perdre les engrais dans une grande partie de la France».
Le travail le moins désagréable restait malgré tout la traite. Souvent on discutait, on chantait aussi en tirant sur les trayons. Vache docile, labeur facile ; on oubliait la journée passée.