Toujours pour les bêtes

On récoltait le trèfle « incarnat »

- Pourquoi incarnat ?

- Il se semait à l’automne et produisait une fleur rouge comme un pompon allongé.

trèfle incarnat ("éncarnai" )

La vesce appelée communément « jarousse ou jharousse » se servait aux bêtes au retour du champ. Ces cultures se faisaient derrière une autre récolte et permettaient de réduire les surfaces de foin qui, elles, étaient sur places au moins deux années, sans rapport.

vesce (jarosse ou poids à crapauds) - légumineuse

- Et puis, mamie, il y en a encore de ces cultures dérobées ?

- Bien sûr, ce n’en est point terminé.

Après la moisson de l’orge plus précoce que le blé, un labour permettait de planter les choux moelliers, choux fourragers.

La chanson dit « Savez vous planter les choux à la mode de chez nous ? »

Chez nous on les plantait derrière l’oreillée à la main avec un plantoir. On ne s’arrêtait point même avec une ampoule à la main. On jouait au costaud mais le soir venu on faisait un pansement rudimentaire, tissu de vieux drap attaché avec un brin de ficelle.

Suivant le nombre de bêtes on faisait plus ou moins grand.

- Pourquoi « choux moelliers *» ?

- Ma petite Alice on les effeuillait puis ils continuaient à monter et la saison froide commençant à pointer son nez, la végétation ne renouvelait plus les feuilles. Il restait alors le « couton » la tige que l’on rentrait et coupait avec une serpe avant de les distribuer dans la crèche des vaches qui ne mettaient point longtemps à les engloutir.

Plus tard, on utilisa le coupe-racine comme pour les betteraves. Mais tout ce travail profitait aux bêtes.

* chou moellier : se dit d'un chou fourrager dont la tige renflée renferme une moelle abondante (Larousse)