dimanche 30 janvier 2011

Cocorico, Cocorico !!!

Dès les premières heures du jour, comme un réveil matin puissant, dans les brumes qui s’évanouissent, des cocoricos perçants retentissaient. Ces belles bêtes avaient une certaine habitude de se répondre de village en village et l’écho les faisaient s’interpeller ainsi de loin en loin.

Actuellement, on entend beaucoup moins ces chants matinaux, les volailles n’habitant plus les cours de ferme. La vie moderne fait que les rayons des supermarchés satisfont pleinement les exigences du consommateur sans se préoccuper des soins qu’il faudrait leur apporter. Solution de facilité dont le résultat n’est pas ultra-satisfaisant.

Bref un coq reste un coq !!! Si les amateurs de ces joyeux drilles ont l’idée de continuer à protéger cet élevage, les nouveaux venus dans nos villages voient leur sommeil, leur repos troublés par cet animal. Certains ont eu l’idée d’aller jusqu’au tribunal pour y trouver parfois gain de cause.

Le coq se pose en mâle au milieu de sa cour de poules au plumage banal. Le sien est inévitablement remarquable et il se pavane pour faire admirer sa belle crête rouge et sa queue en panache aux effets mordorés. Tel un grand seigneur, il affiche fièrement tous ces atours dont la nature l’a paré.

Quand il pousse son cri, il se redresse, gonfle son jabot pour aller chercher son chant au fond de ses entrailles. Ainsi, fier et glorieux, il devient vite le symbole de la France. Les footballeurs ne l’ont-ils pas adopté comme mascotte qui parfois crie victoire avant de l’avoir gagnée.

Sur les clochers de nos églises, ils font face à tous les vents, souvent perchés sur une petite croix de pierre. Ils ne laissent aucun regard indifférent aux voyageurs qui recherchent la route d’un village inconnu.

Mais il est un très vieux village nommé Courcôme en Charente qui possède une église romane classée monument historique, dont le coq du clocher ne paraît plus ! Des questions se posent sur les causes de sa disparition et surtout de son non-retour. Serait-ce un enlèvement ?

On aime à penser qu’il a trouvé asile dans un endroit protégé. Peut-être est-il, comme certains de ses congénères, porteur en son corps dodu d’un message ? S’il en est ainsi, saurait-on le décrypter vu son grand âge ? En cette situation appliquons la devise des grands-mères qui disaient « Qui vivra, verra !!! »

En 1887, la Société Archéologique et Historique de la Charente (SAHC) écrivait au sujet de coq de l’église de Courcôme : Le coq est perché sur une croix dont les bras sont traversés par une lance et l’éponge, en souvenir de la Passion. Il était d’usage autrefois de placer dans le coq ou à la base de la croix supportant le coq, en compagnie de reliques protectrices, un parchemin sur lequel on écrivait des dates des réparations successives. Le coq de Courcôme mériterait d’être éventré !


Il faut bien le dire un chasseur si respectueux de la nature soit-il, ne résistera pas aux charmes d’un beau coq de bruyère. Mis en arrêt par un chien bien dressé, il le voit déjà dans sa carnassière. Amoureux du gibier aurez-vous le courage de ne pas vous approprier cette proie facile. Il est beau, très beau, ça lui va si bien d’aller à pas comptés dans la verdure. Hélas ! Pan-Pan, il n’est plus…


Savez-vous que M. fumant son cigare dans un fauteuil les pieds bien au chaud devant le feu qui rutile est un vrai coq en pâte. Insouciant, se faisant servir, il vit confortablement.


Rien à voir avec ce coq qui circule dans les cuisines d’un bateau pour servir à la croisière peut être un fameux coq au vin. (Voir la recette proposée en fin de billet)


Il est dans nos bourgs, un coq victorieux perché sur quelques monuments aux morts qui parait tout triomphant. Il nous parle de la Victoire et rappelle à notre mémoire qu’ici, sont inscrites dans la gloire du devoir accompli, les souffrances, les blessures, la mort des pères, des frères et de voisins, qui ont vécu dans le village. Après la grande guerre de 1914, on a écrit leurs noms en lettre d’or sur la pierre. Ne les oublions pas, ils parlent mieux que les livres, de ce massacre qui les a emporté, parfois, plusieurs membres de la même famille.



Un coq, oui, encore un coq différent, on parle alors du « coq du village ». Un peu malicieux, quasi médisant on surveillait de près les agissements de certains phénomènes qui promenaient leur regard plein de convoitise ou de jalousie sur les belles jeunes filles et même les dames du village. Mais le mystère reste entier pour désigner le « coq du village ». Parlez-lui, il est le seul bien sûr à ne pas le connaître et vous dirait facilement dans le creux de votre oreille le nom de ces soi-disant victimes de ses soupçons.

Que diriez-vous des coqs qui sont porteurs de pensées malicieuses bien enveloppées dans des cocoricos tonitruants !

Dans un hameau tout proche, un bon vieux coq qui avait de l’expérience lançait son cri à ses voisins en disant : « Y’a des cocus chez nous !!! »
Puis attentif, à l’écho qui lui apportait la voix de son lointain voisin, il entendit : « Y’en a cheu nous étou !!! »
Satisfait de la réponse, il se remit à l’ouvrage : N’avait-il pas encore quelques vers à déterrer, quelques fétus de paille à éparpiller ?
Soudain, il fut interrompu par une belle voix toute jeunette, l’air un peu étonné qui lui déclama haut et fort : « Y’en a don peurtou ? »
Vous en penserez ce que vous voudrez mais la vérité ne sort peut-être pas seulement de la bouche des enfants.

Recette du coq au vin :

Prendre un beau coq plus âgé qu’un poulet. Cuisson 2 heures

Employer 150 g de beurre.

Couper le coq en morceaux. Saler, poivrez – Faire revenir et ajouter 3 oignons.

Déglacer au cognac (1 verre) et flamber. Ajouter 3 gousses d’ail écrasé et mouiller avec ¾ l de bon vin.

Faire fondre 200 gr de lardons fumés – 200 gr de champignons, persil haché.

Cuire à petit feu.

On peut ajouter 1 pincée de sucre, chauffer le vin avant de mouiller, garnir de croûtons frits au beurre. Bon appétit !!!