mardi 21 septembre 2010

Histoire de corbillard

Le corbillard de la commune… un pan de l’histoire de Courcôme qui lui aussi a disparu. Remontons le temps jusqu’en 1900.

Le 02.03.1900 – Le Maire expose au Conseil que la commune de Tuzie vient de prendre une délibération acceptant le tiers dans les frais pour l’acquisition d’un corbillard et la construction du bâtiment pour le remiser. Le Conseil accepte cette proposition et prie l’autorité supérieure de bien vouloir l’autoriser de traiter au gré à gré avec les fournisseurs.

Le 06/04/1900 – Echange de correspondances entre le Préfet et Monseigneur l’Evêque d’Angoulême dans le but d’obtenir un avis suite au projet !

Le 25/08/1901 – Le Maire expose au Conseil que des problèmes sont survenus pour l’achat du corbillard avec la municipalité de Tuzie qui propose des propres fossoyeurs et pour la conduite des corps. Au départ, il était convenu verbalement entre elles que pour les commodités de service funéraire, l’entretien du corbillard et de ses accessoires l’adjudication serait au bourg de Courcôme, car il y a 143 familles sur la commune et que Tuzie a une population bien inférieure et qu’ils n’ont à payer que le tiers des dépenses et prie l’autorité supérieure de lui donner raison.

Le 02/03/1902 – Le Maire informe le Conseil que le corbillard est construit et qu’il y aurait lieu maintenant de procéder à l’adjudication pour l’entreprise de transport des décédés.

Le 04/06/1902 – M. Evin Théophile, carrossier fabricant de la voiture corbillard demande à être payé de la somme de 694 frs montant intégral de la fabrication du corbillard, et des draperies et accessoires. Le Conseil considérant qu’il doit être payé par la commune de Courcôme des 2/3 soit 462,66 frs et le 1/3 restant par la commune de Tuzie soit 231,34 frs. Le Conseil autorise M. le Maire à payer la part de la commune à M. Evin.

Même séance : Le Maire informe le Conseil que conjointement avec la commune de Tuzie l’adjudication du transport des décédés, les deux communes devront supporter le transport au cimetière, soit 2/3 qui font la somme de 50 frs pour la commune de Courcôme et 1/3 soit 24,93 frs pour Tuzie. L’adjudication est donnée pour 5 ans. Le Conseil vote cette somme de 50 frs et de 10 frs pour l’abri du corbillard.

Le 16/01/1907 – le Maire rappelle au Conseil qu’il doit délibérer sur le projet de transport au cimetière des corps considérant que les deux communes se sont entendues de nouveau pour continuer en commun le transport des corps, ce projet aura lieu à partir du 21 janvier prochain (1908) et est d’avis que l’adjudication ai lieu le même jour.

Le 17/12/1911 – les conseils municipaux de Courcôme et de Tuzie se sont réunis à l’effet de renouveler l’entente des paroisses pour l’adjudication de la conduite de la voiture corbillard. Les Conseils sont d’avis que l’adjudication soit augmentée de 5 centimes à compter du 01/01/1912. Même séance, le Maire expose qu’il y a lieu de mettre à l’adjudication le creusement des fosses. Le Conseil est d’avis que cette adjudication soit pour 5 ans à compter du 01/01/1912.

Le 01/01/1912 – Le Maire expose au Conseil que l’adjudication du transport des corps des décédés n’a pu être à cause de la mauvaise volonté de la commune de Tuzie par son absence à ce rendez-vous.

Le 24/01/1912 – Le Maire donne lecture d’une lettre de M. le Sous-préfet en date du 19 janvier courant relative à l’adjudication… Laquelle n’a pu être faite faute que les autorités de la commune de Tuzie n’étaient pas présentes. Le Sous-préfet autorise la commune de Courcôme à procéder à l’adjudication à son seul profit. Le Conseil Municipal de Courcôme demande de rompre cette communauté et offre à la commune de Tuzie de lui rembourser après expertise du matériel la somme qui sera fixée, ou la commune de Tuzie rembourserait à la commune de Courcôme la somme fixée toujours dans les mêmes conditions.

Le 04/08/1912 – Le Maire donne connaissance d’une lettre de M le Sous-préfet qui a transmis la délibération du Conseil Municipal de Tuzie du 13/07/1912 qui demande à la commune de Courcôme de lui restituer la somme de 170 frs qu’elle lui a trop versé pour la contribution dans l’achat de la voiture corbillard. Le conseil considérant que par les actes, la commune de Tuzie s’est engagée à payer le tiers dans les frais d’achat, d’entretien, du loyer du corbillard commun entre les deux communes sans autre condition. Le Conseil estimant ne rien devoir à la commune de Tuzie, décide de mettre fin à cette communauté pour le transport de corps. Le Conseil demande dès ce jour la vente du corbillard commun entre les deux communes aux enchères publiques.

Le 08/09/1912 – Le Maire soumet la délibération du conseil Municipal de la commune de Tuzie en date du 18/07/1912 concernant le désaccord entre les deux communes au sujet du corbillard. Le Conseil considérant que la commune de Tuzie est désireuse de mettre fin à cette collaboration, demande à l’administration de fixer un prix. Le Conseil de Courcôme estime la voiture corbillard à la somme de 684 frs.

Le corbillard rendit de nombreux services durant des années mais avec le développement des Pompes Funèbres le monopole communal funéraire pris certainement fin. En France, depuis la loi n°93-23 du 8 janvier 1993 et la Loi n° 2008-1350 du 19 décembre 2008 relative à la législation funéraire, les français ont une totale liberté de choix pour l'entreprise.

Revenons à notre vieux corbillard. Extrait du Regard n° 10 année 1988

C …. CORBILLARD


Inutilisé depuis bien longtemps, le corbillard municipal avait été relégué dans un coin des bâtiments communaux derrière l’ancien presbytère.


Hélas, les nombreuses gouttières du toit qui se déversaient régulièrement sur lui, ont accéléré l’irréparable outrage du temps, et l’ancien véhicule continuait de pourrir dans son garage pourtant remis à neuf en 1984.


Une offre providentielle de rachat permis au conseil Municipal (voir séance du 10.11.87) de vendre le corbillard en piteux état pour 1500 frs à M. Gasseling.


La commune venait ainsi de se séparer, avec un pincement de cœur, certes, de ce véhicule devenu hélas, bien encombrant et inutilisable.

2010 – J’ai contacté M. Gasseling afin de vous faire partager une photo de ce corbillard communal mais malheureusement celui-ci s’est séparé du dit véhicule depuis quelques années.

De nombreux corbillards rachetés par des particuliers ont été depuis transformé perdant ainsi leur caractère.