jeudi 23 septembre 2010

Le site des Couradeaux

Limité au Nord-Nord Est par la commune de Tuzie, au Sud-Sud Ouest par le village de Charmé et au Nord-Nord Ouest par notre commune de Courcôme.

C’est un massif de bois de chênes où se mêlent calcaire et argile dans les seules vignes qui subsistent.


Il y a peu d’années elles se cultivaient pour les besoins familiaux. Par contre, il y a plus de cent ans les paysans les entretenaient avec des « piardes »* lourdes à manier et avec certainement de pauvres rendements et en quantité insuffisante. Le vin c’était la fête et il ne se servait sans doute qu’avec parcimonie. Le phylloxéra détruisit les vignes vers 1880 et la forêt a repris la place mais on peut encore retrouver les anciennes parcelles bordées de grosses pierres amassées pour former des murs.

Fin septembre on peut même trouver quelques crocus en fleurs le long des chemins.

Des sentiers tracés pour sortir le bois amènent aux portes des autres communes.

Pour nous les Courcômois, il existe un endroit visité par nombre de promeneurs et fléché par de petites cartes portant l’empreinte d’une patte de loup. Pourquoi ce petit panneau énigmatique ?

A proximité de Courcôme, au bord d’un grand bois, il y a un gros roc. Ce gros roc a un creux au sommet… comme une petite auge. Elle contient bien un demi-seau d’eau…

Cette bassie est une très grosse pierre qui forme sur le côté une grande gueule ouverte. Le mystère c’est que dans cette fente, il y a toujours de l’eau et là les bêtes sauvages viennent s’abreuver.

Dans la contrée, on l’appelle « la Bassie du Loup ».


Autrefois, il y avait pas bien loin, un village qui s’appelait « Les Couradeaux ». La petite Sylvie qui y vivait venait souvent de ce côté, en ramassant des noisettes, des mûres et du bois mort.

Elle regardait les tourterelles et les petits oiseaux qui venaient boire dans ce creux tant qu’il y avait de l’eau. Des abeilles qui occupaient un chêne creux à côté, y venaient également. Sur ce roc, elle égrenait quelques miettes de pain de sa collation… Tout ce petit monde la connaissait bien. A l’ombre d’un bouquet de charmille, quand le soleil atteignait son zénith, la petite Sylvie retrouvait ses mais au même endroit. Un après-midi qu’elle rêvait à l’ombre de la charmille, assise sur une souche, elle vit venin un loup par le sentier… Il marchait sur trois pattes et avait l’air de beaucoup souffrir.

Il se laissa tomber dans l’herbe à côté de Sylvie en se plaignant… « Je vais mourir… J’ai reçu un coup de fusil et je vais mourir de faim disait-il… Je ne peux plus me traîner… »

Sylvie qui était gentille, prit un boudin et un bout de pain dans son petit panier. « Tiens… lui dit-elle, mange ça… Après tu iras te coucher dans cette ronceraie… Tous les jours je t’apporterai à manger… Tu finiras bien par guérir… »

Durant trois semaines, tous les jours, Sylvie lui apportait un bout de pain et un boudin. Il mangeait… et buvait ensuite une lampée à la petite auge. Un après-midi qu’elle ouvrait son panier, le loup lui dit : « Je suis presque guéri, et je suis las de manger des boudins… » Ses yeux brillaient comme des braises… Il faisait voir ses dents… Il sauta à la gorge de la pauvre Sylvie… et allait l’étrangler…

A ce moment, un essaim d’abeilles sortit du chêne creux. Elles poursuivirent le loup et le piquèrent sur le nez et les babines… Il déguerpit à travers les buissons en hurlant. La pauvre Sylvie avait eu très peur.

C’est le lendemain, que Pied-Boc traversa le village pour aller moissonner.
Il avait le nez gros comme le poing et les lèvres en bord de saloir.

- « Que t’est-il arrivé ? » dit la vieille Déline.
- « Ce n’est rien, lui répond dit-il… J’ai marché sur un nid de guêpes ! »

La petite Sylvie, elle, se dit que Pied-Boc était un loup-garou et que c’était lui qui avait mangé ses boudins.

Marius GAGNERE

Le côté légendaire de cette aventure ne nous a jamais éclairci sur le mystère de la Bassie que seule la nature nous a offert.

* Piarde : pioche

Je vous invite à venir découvrir ce lieu insolite et en attendant je vous propose la version de ce récit en patois.

La bassie dau louc