mercredi 1 septembre 2010

Les foires

Les foires d’autrefois n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. D’ailleurs les adeptes de cette forme de marché sont de moins en moins nombreux.

Il y eut autour de notre village de nombreuses foires très actives dans le commerce des mules, mulets et ânes du Poitou.

Les marchands, les maquignons venaient de loin pendant la nuit pour exposer leurs bêtes aux critiques et aux remarques des acheteurs. Ces derniers étaient vêtus comme tout le monde d’une blouse et d’un bâton de « toucheur ». Le grand chapeau abritait un regard admiratif pour leur bête la plus belle de la foire et un peu coquin pour encourager l’acheteur.

Chez les chevaux, certains vendeurs sans scrupule limaient les dents, noircissaient leurs sourcils pour effacer la trace des années.

Benêt qui s’y laissait prendre en se tapant dans la main pour conclure le marché.

Les bœufs et les vaches arrivaient également à pieds en troupeau suivis par le toucheur aidé d’un chien. Ils prenaient la route dans la nuit pour arriver sur le foirail au moment propice. Les pauvres bougres déjà exténués par la distance n’imaginaient pas un seul instant revenir avec leur « attirail ».










Les mules et mulets étaient réputés pour leur endurance, leur résistance.










Les vaches, race limousine, salers pour le travail et les « brettes » pour le lait.













Les cochons et les agneaux étaient transportés en « goronnière » sur un champ de foire qui leur était attribué.

Les tractations, si la faiblesse du paysan se faisait sentir tournaient très vite au profit de l’acheteur. Les prix n’étaient pas strictement imposés, seulement une donnée de valeur. A chacun de défendre sa cause.

Les foires étaient de grands rassemblements et souvent un peu de l’argent récolté servait à l’achat de vêtements ou de chaussures que les marchands ambulants installaient aux bons endroits.

Raix, Tusson, Ruffec donnaient rendez-vous aux vendeurs, aux acheteurs et avec l’arrivée du chemin de fer, les mules et les mulets partaient pour l’Espagne.






Les pièces de monnaie s’enfilaient prestement dans une bourse à cordons qui prenait place à l’intérieur de la blouse dans une fausse poche. On se préservait alors des brigands de grands chemins qui se cachaient le long des routes. La nuit était une fameuse complice.

Les foires aux bestiaux disparurent à la guerre de 40.

Les foires de camelots qui ont résisté jusqu’à nos jours, agonisent lentement.

Une foire exceptionnelle, c’était celle de la St Michel qui avait lieu tous les ans le 29 septembre.

- Pourquoi Mamie ?

- Là, les commis de ferme et les propriétaires s’entretenaient d’un emploi, possible, du prix, logé, nourri.

Aucune loi ne permettait de faire valoir des exigences personnelles. On concluait le marché en se tapant dans la main – Marché conclu.

On pouvait voir également les chefs de famille parfois nombreuses, chercher du regard quelqu’un d’une apparence plus cossue. Bien souvent notre homme s’avançait timidement pour demander une place de métayer.

- C’est qui un métayer, Mamie ?

- Le métayer était une forme de location des terres en partageant par moitié frais et récoltes. Le terme de cet accord était la Saint Michel et se renouvelait au gré du patron des terres. (voir ci-dessous un lien vers "Le métayage dans une commune confolentaise - Lessac")
http://andre.j.balout.free.fr/charente(16)_pdf/lessac_metayage01.pdf
Alors, sur les routes, on pouvait rencontrer des charrettes sur lesquelles étaient échafaudés pêle-mêle le peu de meubles , les paillasses et haillons que portaient, en suivant derrière la charrette, les femmes et les enfants qui finissaient cet ensemble.

Ces pauvres traîne-misère, contents de leur sort, allaient se soumettre aux exigences du nouveau maître. Maintenant on parle de fermage, avec un bail pour garantir les droits des travailleurs.

Dans cette aventure, certains propriétaires terriens ne sont plus satisfaits. Ils ne disposent plus librement de leur bien. Les baux ruraux sont établis pour 3,6 ou 9 ans et des longs termes à 18 ans par le notaire. L’agriculture est donc devenue une institution régie par des lois.

Il n’y a plus de foire le 29 septembre, le jour de la Saint Michel !

La commune de Courcôme tenta en 1845 et 1849 d'organiser des foires mensuelles mais les communes voisines consultées et le Conseil Général refusèrent la tenue de ces événements.
1845

1849