jeudi 16 décembre 2010

Les cultures de printemps

Mois après mois les jours s’allongent, le froid cède la place à des jours plus ensoleillés et un peu de chaleur s’installe doucement. Alors fini le soi-disant repos hivernal.

On s’affaire à nouveau dans les champs pour roulotter les céréales : blé, orge et avoine.

On sème dès février l’orge de printemps et l’avoine. Dans cette orge de printemps on ajoutait la graine de luzerne à la main d’un geste moins large et par petit à coup on laissait glisser la fine semence, futur fourrage de l’année prochaine. Il arrivait même suivant le temps de pouvoir la faucher dès la première année, on disait alors on fait de la « fenarde* ».

Que diraient les chevaux sans leur « picotin » ? Eux qui apprécient avec un léger hennissement l’arrivée du « gâteau final » de leur repas. L’avoine engrangée doit attendre jusqu’à la prochaine récolte.


Ce rouleau lisse primitivement en bois, puis en tôle d’acier assurait le tallage des céréales d’automne et nivelait la terre des cultures de printemps.

Point de désherbant, on n’utilisait pas de pesticide puisque les maladies n’étaient point répandues à cette époque.

La herse en ayant détruit une partie, on prenait une bêche pour couper les ronds de chardons qui malheureusement repoussaient car 1 de coupé, 10 de sortis. Mais pendant ce temps le blé prenait le dessus et s’en sortait plutôt bien.

Ainsi la nature allait faire le reste et préparer la moisson. L’épandage d’un peu d’engrais se glissera petit à petit dans les mœurs.

La terre se réchauffe lentement. Il faut attendre patiemment pour semer.
On ameublit la terre avec le cultivateur et la herse et voici parti le grand moment des semailles de printemps.


Tout se passe en mars, avril. On brasse les « garets ». Voici le moment de mettre en terre les graines de betteraves. Le cultivateur traçait d’une manière impeccable les sillons avec une charrue (Dombasle). Si parfois il déviait un peu on disait, oh « il y avait du vent » ce jour là.


Il fallait une bête docile et un savant coup d’œil pour tenir les manchons dans la bonne direction.

Sur ces sillons fraîchement formés on allait distribuer les graines (à savoir qu’une seule graine contient plusieurs germes). Marchant le premier en marquant du talon l’emplacement, l’homme était suivi bien souvent par sa femme qui enfouissait les graines déposées dans ce « poquet » avec le pied. A la levée un gros paquet de jeunes plants apparaissait. Pour obtenir une betterave longue et grosse, il fallait les éclaircir. Toujours penché sur le sillon on enlevait les plants pour n’en laisser qu’un seul qui allait se développer à son aise jusqu’à la récolte.

L’heure de planter les pommes de terre a sonné. La charrue entre à nouveau en action. On dépose le plant dans le fond de la « rège ou réjhe* » et un autre passage de charrue refendait le sillon pour couvrir la pomme de terre.
On en cultivait une grandeur inférieure à celle des betteraves car elle assurait la nourriture de la famille, les petites allaient en « beurnée » pour les cochons et les volailles. Fameuse beurnée dont on retirait quelques échantillons d’une saveur inoubliable !

Arrachage des pommes de terre
Ces petites pommes de terre étaient mises en sac sur le terrain séparées des grosses. Pour reconnaître ce qu’ils contenaient les sacs étaient marqués avec une poignée d’herbe pour être mis en tas chacun dans un endroit différent.
Courcôme août 1961 - ramassage des pommes de terre
- Il est vrai – Mamie que l’on consomme beaucoup de pommes de terre. Moi, j’aime les frites !! Mais quelle est leur origine ?

- Et bien, merci à M. Parmentier qui au cours de son séjour en Allemagne reconnaît les avantages de la pomme de terre, Il en défend les qualités en 1778 en écrivant un mémoire et en la présentant au roi Louis XVI.

- Il y a très longtemps qu’elle est connue ?
- Importée du Pérou en Europe et cultivée en Italie dès le XVIe siècle, en Alsace et en Lorraine au XVIIe siècle, adoptée dans le Midi, en Anjou et dans le Limousin, mais repoussée par le reste de la France.
Il a fallu attendre le XVIIIème siècle dans nos régions pour la cultiver. Comme toute nouveauté, il y eut certainement des réticences pour l’utiliser et elle était bien souvent réservée à la nourriture des animaux. Maintenant elle entre dans les menus, sous toutes les formes. Merci, M. Parmentier, vous avez été et vous restez un grand bienfaiteur !!!

- Oui – alors !!!

* fenarde. nf. regain ; herbe qui reste quand les blés sont coupés.

* réjhe : sillon