vendredi 30 juillet 2010

La récolte des haricots dits des mongettes ou mojettes

L’été se finissait et alors c’était le moment de ramasser les haricots. On faisait la cueillette au pied du maïs et on amassait une grosse poignée attachée avec une corde. Ces « liennes » étaient suspendues aux goujons de bois sur les façades des maisons et des bâtiments. Là, ils allaient sécher et finir de perdre les dernières feuilles vertes.
- Mamie, on les écossait comme les petits pois ?
- Etant donné la quantité on n’aurait pas pu s’en sortir !!!
Les hommes actionnaient le fléau (fia) pour les battre. Armée d’un bâton la femme commençait à faire éclater les cosses et à rassembler les grains. Toute la maisonnée était réquisitionnée pour récupérer les grains qui partaient loin. Les enfants, las de cette besogne faisaient semblant de ne pas les voir. Un regard du papa et on reprenait la besogne. Maman les encourageait en proposant quelques récompenses, des « soupes rousses *» par exemple.

Ensuite on étendait un grand bâlin (toile de sac ou drap) sur le sol. On démolissait le tas par panier et on procédait au ventage. Cette opération consistait à lever le panier à moitié plein à la hauteur de la tête et on laissait couler les grains. Le vent devait être derrière l’opérateur. Un coup de vent bienvenu emportait les plus gros déchets. Une seconde manipulation affinait la propreté.

Encore salis pas des morceaux de feuille, des cailloux, ils étaient ensachés en attendant d’être minutieusement triés à la veillée ou un jour de pluie. Ils séjournaient sur le « ballet » et continuaient de sécher.

On consommait beaucoup de haricots. Il en existait des blancs, des pistachés de rouge qu’on appelait « St Esprit » et plus vulgairement des « nombrils de bonne sœur », des lingots « lit de vin ». Tous, on les appelait des « Péteux ».



Les maîtresses de maison en faisaient un plat unique accompagné de couennes.
- Que dis-tu ?
- Oui, il s’agit de la peau qui recouvre la viande de cochon. Les uns diront « Beurcq », d’autres « Miam-Miam » en se frottant l’estomac.

CONSEILS : LA MONGETTE DOIT ETRE PREALABLEMENT LAVEE PUIS TREMPEE UNE NUIT ET CUITE UNE HEURE (PEU APRES LA RECOLTE) OU DAVANTAGE DANS UNE EAU NON CALCAIRE AFIN QUE LE HARICOT SOIT MOELLEUX A SOUHAIT. L’UTILISATION D’UN RECIPIENT DE TERRE EST CONSEILLEE, ET L’ON OBTIENT LES MEILLEURS RESULTATS EN LAISSANT MIJOTER LE PLAT AU COIN DU FEU PENDANT AU MOINS TROIS HEURES. ON Y AJOUTE SOUVENT UN MORCEAU DE JAMBON SEC OU DE LARD. II ETAIT COURANT DANS LES FERMES DE FAIRE DORER UNE GROSSE TARTINE DE PAIN DE CAMPAGNE, UNE « ROTIE », DE LA FROTTER D'AIL, DE LA BEURRER LARGEMENT, PUIS D'Y ETALER UNE COUCHE EPAISSE DE MOGETTES MOELLEUSES ET BIEN CHAUDES. CE QUI RESTAIT ETAIT CONSOMME FROID, EN SALADE.

• soupe rousse, c'est-à-dire, des tranches de pain blanc, ce qui était déjà une friandise, trempées dans du lait et des œufs, puis dorées au beurre à la poêle.