jeudi 29 juillet 2010

La vie religieuse - 2 - La cérémonie dominicale

Ma petite Alice, c’est aujourd’hui dimanche et tu ne pourrais pas imaginer ce que représentait ce jour sacré.
Le repos dominical était observé dans presque toutes les familles. Seules les bêtes réclamaient toujours les mêmes soins.
On se lavait en grande toilette, puis on s’ "endimanchait" - costume, cravate.
- Ah ?
- Oui, on quittait les habits de travail, les vêtements de semaine, pour enfiler la tenue rituelle du dimanche qui dormait la semaine durant, dans l’armoire.
- Pourquoi on ne les mettait pas plus souvent ?
- Les occasions n’étaient pas fréquentes. Les vêtements ne se nettoyaient pas comme aujourd’hui et il fallait « ménager » c’est-à-dire économiser. On ne renouvelait pas sa garde-robe à n’importe quel moment. Les soldes n’existaient pas encore.
Du côté vestimentaire, la messe était l’occasion d’observer d’un œil furtif les belles dames qui traversaient l’église en marquant le pas avec leur chaussure à talon. Toilette, fourrure, gants de peau, manchons et collerettes (genre de petite fraise) habillaient ainsi quelques élégantes des maisons plus aisées.
En face de la chaire, d’où le prêtre prononçait le sermon, le « banc du Conseil ».
- Qu’est ce que tu racontes ?
- Oui, en face de cette superbe boiserie toute décorée, à cette époque les membres du Conseil municipal s'y tenaient pendant la cérémonie. C’était une sorte de petite salle non fermée, entourée d’une boiserie d’un mètre de haut à peu près. Derrière, un panneau de bois sculpté recouvrait le mur. Peut être pensait-on à cette époque qu’il était normal et honorifique d’associer le chef de la communauté religieuse et celui de la commune.

Le banc des conseillers

Dans les années 30, l’abbé Acquier, curé de Courcôme qui occupait le presbytère, « actuelle maison des associations », arrivait en vélo de Villegats ou de Raix, paroisses qu’il desservait aussi. Le pauvre était tout essoufflé au moment de passer les habits sacerdotaux pour dire la messe. Plusieurs enfants de chœur étaient prêts, habillés de rouge et d’une tunique blanche ornée de dentelle.
La mise en route de la cérémonie était donnée par quelques notes d’harmonium. L’entrée était plus ou moins triomphale suivant l’humeur de l’organiste.
La messe commençait et au fur et à mesure de son déroulement M Gabit tapait plus fort sur les touches pour faire comprendre au célébrant ce qu’il devait entonner.
Nous ne pouvons oublier ces moments devenus de vrais rituels où la petite chorale dirigée par Mme Gabit essayait de suivre péniblement le rythme tantôt volontairement accéléré ou bien ralenti. Elle perdait la mesure !!! Bien sûr, le père Acquier lui-même, devait marcher au son de cette musique parfois très insistante.

Malgré tout, hommage leur soit rendu pour nous avoir fait vivre des séances de fou-rire que l’on s’appliquait à rendre discrètes.
Les enfants étaient disciplinés par la baguette de Mlle Léonie sœur de M le curé.
Avant la messe, le sacristain, le père Cartier arrivait petite calotte sur la tête, portant large blouse pour préparer l’autel. On y accédait par plusieurs marches. C’était l’époque où le prêtre tournait le dos à l’assistance. Le sacristain allumait les cierges à l’aide d’un petit instrument à grand manche et les éteignait avec le même qui portait un genre de cône pour étouffer la flamme.
Les personnes désirant communier, se rendaient en file jusqu’à la « table de communion » où elles s'agenouillaient tout le long. Elle était faite en fer forgé travaillé. Sur un rebord un peu plus large était fixée une nappe joliment brodée qui retombait sur la table. Celle-ci servait aussi de séparation entre le chœur et la nef.

Table de communion

Après cette phase de la cérémonie, le sacristain distribuait le « pain bénit » ! C'était la joie des enfants qui appréciaient ces petits gâteaux un peu anisés en forme de barquette !!!
Puis c’était l’ « Ite Missa est » - L’heure de la sortie sonnait.
Sur la place, les paroissiens discutaient, se saluaient, colportaient les dernières nouvelles, se serraient la main en demandant le « portement » (Comment allez-vous ?)

Sortie de la messe

De retour à la maison, on dégustait le repas un peu amélioré et on savourait la tranquillité de cette journée de repos bien méritée.