mercredi 28 juillet 2010

Les fêtes religieuses

Les fêtes religieuses ponctuaient l’année et devenaient un repère pour le quotidien.
- Qu’est ce que tu veux dire mamie ?
- Ma petite Alice tu entends dire encore : les vacances de Noël, les cadeaux de Noël, la Toussaint, la Saint-Jean et les feux, le 15 Août, la Saint-Michel, et j’oubliais Pâques et ses œufs. Il y a très longtemps toutes ces fêtes étaient principalement et avant tout religieuses. Toutes ces traditions se sont ajoutées au fil des ans et sont devenues incontournables.
- En quoi consistaient les cérémonies dans les églises ?

Nous allons commencer par Noël qui marquait le début de l’année liturgique. Du temps de ton arrière grand-mère en rentrant de l’école on nettoyait l’église, on fourbissait les chandeliers de l’autel, on lavait les ornements et avec les religieuses du Couvent on apportait une attention toute particulière à ce qui était fragile, telle une Vierge en bois avec des yeux de verre.

Ce travail de nettoyage était effectué par les paroissiens. Les dames s’afféraient pour préparer la crèche. On y apportera les rois mages, le jour des rois, c’est-à-dire le 06 janvier. Le soir du 24 décembre c’était la messe de minuit puis le réveillon.
- Le réveillon ?
- Oui, c’était un bien grand mot. Une bûche, dite de Noël , se consumait dans la cheminée et devant se rangeaient les sabots. On mangeait une galette et les enfants allaient au lit. Le lendemain, ils trouvaient oh miracle ! un carré de chocolat, un sucre. Plus tard, il y eut une orange, un sabot en chocolat et un petit Jésus en sucre. On était très loin des Noëls aux cadeaux entassés sous le sapin. Qu’importe ! on était content.

Chemin faisant, Pâques et sa douceur pointaient à l’horizon. Le jeudi saint, jeudi d’avant Pâques, les cloches allaient se taire. Elles partaient à Rome. Les enfants de chœur traversaient les rues faisant tinter des clochettes pour annoncer à la fois l’événement et les différentes célébrations avant Pâques. C’était un rappel à l’ordre de la grande fête qui arrivait. On se réunissait pour le « stabat », c’était une prière du soir du jeudi saint.
Le dimanche d’avant Pâques, le jour des Rameaux, on honorait les défunts en portant sur leur tombe du buis, tradition conservée jusqu’à nos jours.
On enfilait des cornuelles dans les rameaux des enfants.


une cornuelle


On emportait bénir un gros paquet d’ausanne (rameaux) car les gens de la terre en plantaient un brin dans leur champ de blé, pour protéger la future récolte et on en accrochait un au crucifix des maisons.

En juin, c’était la fête Dieu. On disait bien souvent la Fête à Dieu. Ce jour là on allait en procession. C’était la fête où le prêtre protégé par le dais portait l’ostensoir jusqu’aux reposoirs.


- Explique-moi, Mamie ?
- Oui, d’abord le dais. Une étoffe portant volutes et dessins de fil d’or – tendue sur des montants rigides comme pour former un plafond. C’était un baldaquin si tu veux. Quatre hommes à chaque coin portaient ce dais d’un pas régulier. Les enfants marchaient devant et jonchaient le passage avec des pétales de fleurs. Les mamans étaient mises à contribution pour fabriquer des corbeilles suspendues ensuite aux cous des « joncheuses ». Puis on arrivait au reposoir.
- Alors ?
- Là, on s’arrêtait. Le prêtre déposait quelques instants l’ostensoir sur une sorte d’autel fait de superpositions de fleurs disposées sur une table. Le fond de ce reposoir se situait en général dans l’entrée d’une barrière où était accroché le plus beau drap de l’armoire. Après cette adoration du saint sacrement on rejoignait l’église en chantant des cantiques.

A la St Jean, on implorait la grâce d’avoir une bonne récolte et suivait les divertissements(le feu et le bal).
- Mais il y avait beaucoup de cérémonies qui déplaçaient les gens !
- A ce moment là les traditions l’emportaient sur toute autre manifestation.
- Qu’y avait-il encore avant le retour de Noël ?
- Une grande fête en l’honneur de Notre-Dame de Courcôme.

Un pèlerinage fut institué le dimanche d’après le 15 août. On participait à une longue procession. La statue de la Vierge (de bois), était portée par les communiantes de l’année. Partant de l’église, par le chemin en face du monument aux morts, on marchait jusqu’à l’actuelle boulangerie. Des bannières des différentes paroisses, des oriflammes multicolores se mêlaient portées par une foule très nombreuse.
On arrivait à l’église (par la grand rue) toute décorée de tentures, de cierges – les beaux lustres, en cristal flamboyaient sur les bas-côtés, dans la nef un grand cercle orné de nombreuses bobèches rouges scintillaient en hauteur. C’était féérique.
- C’est fini maintenant ?
- Ma petite Alice, je pense que c’est vouloir ressusciter un mort !!!
- Pourquoi ?
- Parce que peu à peu, après plusieurs changements de date, diverses propositions de cérémonies, les traditions si éloignées, la grandeur de la fête a disparu.



Voici l’automne et sa monotonie. Nous allons arriver à la fête de la Toussaint et le jour des morts le lendemain. On fleurissait et on fleurit toujours de chrysanthèmes les tombes des défunts de la famille. C’était pour beaucoup un retour à leurs racines en venant honorer leurs grands-parents et leurs parents peut-être une seule fois dans l’année. Cette cérémonie du souvenir est toujours fixée au 1er novembre.
Véritable tradition bien que les églises se vident de plus en plus.
- En t’écoutant Mamie, j’ai fait une constatation !!!
- Oui, laquelle Alice ?
- Je remarque que chaque fête religieuse si elle n’est plus fêtée à l’église, correspond aux différents congés des jours fériés dont on bénéficie dans le monde du travail.
- Alors, tu vois que l’on n’oublie pas complètement ces fêtes même sans le vouloir !!!