dimanche 24 janvier 2010

Alice continue sa découverte des vieux métiers

Ma petite Alice,
Après avoir connu l’emploi de l’aluminium pour les cuillères, fourchettes, panoplie des ustensiles de cuisine ; toi, tu connais les couverts en inox, les Guy Degrenne, avec leurs différentes formes de plats qui étincellent tout naturellement sans frotter et recommencer.
Mais dans un temps bien plus éloigné, un siècle au moins, les couverts étaient en fer ce qui rendait les fourchettes dangereuses et les cuillères étaient recouvertes d’étain.

Ainsi, il fallait se tourner vers l’étameur. C’était un petit homme de Ruffec qui passait de maison en maison, on lui confiait tout ce qui méritait d’être recouvert d’étain. Il rangeait les différents paquets à étamer dans une caisse qu’il portait au cou tenue par une lanière.

Notre étameur, rapportait quelques jours après, les objets qui avaient retrouvé leur brillant.
Sur la faïence, il exerçait aussi son talent. Nos anciens disaient qu’ils faisaient « happer » leurs plats. L’artisan rapprochait les parties cassées et les scellait ensemble avec plusieurs sortes de crampons appelés « happes ». (voir détail réparation sur la photo ci-dessous)

Longue vie aux ciseaux, aux couteaux, grâce à l’aiguiseur qui passait dans le village. Plus tard, un peu plus moderne, le rémouleur travaillait dans un endroit fixe.
Le bouilleur de cru installait son alambic ambulant pour fabriquer de l’eau de vie. L’endroit où il s’établissait lui était imposé par les « rats de cave » (contrôleurs des indirects). Pas vu, pas pris car la plupart du temps, ils ne voyaient pas tout. L’alcool s’évaporait dans la nature pour éviter les foudres de ces hommes inflexibles.
Le cordonnier ou bouissier, « le bouif » disait-on, habitait le village et il était en charge de redonner longue vie aux chaussures. Il remettait les clous aux « croquenots », aux sabots et aux « soques » (tige en cuir et semelle de bois). Il posait des « ferrasses » sous les semelles et les talons des sabots. Pendant l’occupation, on se contentait de souliers avec des semelles de bois et sommet de la perfection, elles étaient articulées.

Un métier disparu, c’est le métier de « hongreur ». Ma petite Alice, tu pourrais me dire qu’est-ce-que ce nom barbare ? Je te l’accorde. C’était un homme qui se déplaçait dans les fermes pour procéder à la castration des chevaux, des porcelets et des jeunes taureaux. Tout ce monde mâle subissait cette opération pour devenir incapable de se reproduire. Le cheval était moins fougueux, plus facile à dresser. Le petit porcelet ne deviendra plus verrat et le taureau sera un bœuf plus docile. La continuité de ce travail est à présent assurée par le vétérinaire.
Le progrès a pris le pas sur toutes ces pratiques ancestrales.
Il faut que je remette ma pendule cérébrale à l’heure d’autrefois pour écrire la suite de ces histoires.
Au revoir et à bientôt, ma chérie.