lundi 11 janvier 2010

Alice et les vieux métiers (partie 2)

Tu te souviens, dit René Meunier « du Caïffa».
(Caïffa - vendeur ambulant (parfois à vélo triporteur) nommé ainsi du nom de la marque du café brésilien qu'il distribuait).

Bien sûr, il colportait de l’épicerie, spécialement du café. Ingénieux, le petit bonhomme. Il transportait sa camelote dans une sorte de coffre monté sur roues et tiré par 2 chiens. Paulette s’exclame en disant que ces deux bêtes devaient être bien dociles, tellement qu’à la voix, ils avançaient et s’arrêtaient sans obliger leur maître à se déplacer pour servir les clients.
C’était un petit bonhomme rabougri sur sa planche qui servait de siège. Il avait l’air d’un estropié. Cet attelage faisait bien sûr sensation quand il apparaissait à la sortie de la route de la Faye.

Mais, dit donc Abel te souviens-tu de cette femme qui venait, elle aussi, de la Faye ?
Une minute de réflexion et les détails d’une description folklorique alimentèrent la conversation, chacun mettant son grain de sel la réalité se fit jour.
Oui, c’était une grande femme tout de noir vêtue, cotillon et caraco, un fichu sur la tête. Au milieu de son visage buriné par les intempéries et le froid, deux grosses narines largement ouvertes attendaient la « prise » de tabac. Elle cherchait à gagner sa vie en vendant du fil, de la dentelle, des aiguilles, du coton à repriser et des galons.
Tous ces petits articles étaient mis sans apprêt dans une grande caisse rectangulaire, accrochée à son cou par une sorte de courroie. Les kilomètres ne lui faisaient pas peur car elle allait assez loin dans les communes voisines.
Bien souvent, les femmes achetaient quelques « bricoles » pour essayer de l’aider. Ce gagne-petit lui permettait de faire vivre sa famille.
Ma petite Alice, je te laisse avec ses images du passé qui te permettront d’apprécier le présent. Je t’embrasse et à bientôt pour d’autres souvenirs lointains mais bien réels.