samedi 23 janvier 2010

Alice - les ravaudeuses et le laitier

Ma chérie,
Tu m’as répondu, enchantée tu étais d’avoir fait connaissance avec ce que plus jamais tu ne retrouveras dans le village.
En effet, tu ne connaitras pas non plus les « ravaudeuses ». C’étaient des femmes connaissant la couture qui allaient dans les maisons pour coudre ou raccommoder. Bien souvent la couture consistait à retourner les draps. Les draps avaient une couture au milieu et comme ils s’usaient plus vite au milieu que sur les bords, on accrochait les deux côtés ensemble et la couture se trouvait être au milieu du drap. Le peu qui restait sans être usé était transformé en torchon ou essuie-main.
La toile était solide et résistait très longtemps à l’usure. Après avoir fait les ourlets cousus mains, ces femmes de journée rapiéçaient les chemises de toile des hommes, les culottes à jambières des femmes, les cotillons de tous les jours, les caracos, les jupons de dessous, etc …
Certaines travaillaient au repassage des habits du dimanche. Elles utilisaient des fers à tuyauter les jabots de chemise, les coiffes. Le fer à repasser était chauffé au feu de la cheminée.












Ce fut la venue du fer à charbon qui transforma cette corvée en une tâche plus facile. On garnissait avec de la braise cette nouveauté qui gardait ainsi la chaleur plus longtemps.














Ces couturières d’un jour avaient pour tout matériel, des ciseaux et un dé à coudre, le reste était fourni par la maîtresse de maison. Elles étaient nourries à la ferme et bien souvent retournaient le lendemain. Le village en comptait plusieurs qui répondaient au nom d’Yda Isabeau entre autre.
Et maintenant que dirais-tu si je t’appelais au téléphone à 7 heures du matin, un jour de congé scolaire ? tu me dirais certainement que j’aurais dû te laisser dormir. Eh bien figures-toi que chaque matin à peu près à la même heure le laitier avec son petit camion découvert assurait le ramassage du lait. La plate-forme était garnie de bidons que manipulaient nos laitiers Marcel Bourbon (photo) et M. Balusseau de Charmé. Ils travaillaient pour 2 laiteries différentes situées à Luxé et à Charmé.
Dans des temps plus anciens le laitier rangeait ses bidons dans une carriole tirée par un cheval. Un coup de corne, et comme Pierrette, la fermière apportait ses seaux de lait.


Un décalitre en fer blanc servait à mesurer et le laitier inscrivait sur un carnet la quantité relevée. Le calcul du total du mois assurerait la paye. Avec l’automobile, la collecte devint plus rapide et le laitier se permettait une petite fantaisie : une tartine de grillons, un verre de vin blanc… et en route pour le prochain arrêt.

M. Marcel Bourbon