mercredi 27 janvier 2010

D'autres artisans du village

Nombre de petits artisans faisaient vivre le village en servant de liens entre les habitants.
En effet, on s’attardait volontiers pour discuter, commenter les derniers potins, parler du temps qu’il a fait.
Particulièrement les jours de pluie, les mains dans les poches, le temps "ne pressant pas" on évoquait les potins du village quelque fois vrais quelque fois très malicieux se prêtant au jeu du double sens.
On se retrouvait chez Yves Desvaux. Il réparait les vélos. Il était un autodidacte dans son métier. Très adroit et passionné par cette mécanique du moment, il remettait en forme tous ces engins. C’était un pince sans rire.
Voici une anecdote qu’il a fait vivre à quelques témoins.
Un beau jour, chez lui arriva un cycliste qui avait quelques ennuis avec la chaîne de son vélo. L’homme élégamment vêtu, pince pour tenir ses bas de pantalon, chemise claire et cravate. Notre mécanicien dit à cette âme en peine, après avoir renversé le vélo « Faites tourner le pédalier » Sitôt dit, sitôt fait, et catastrophe notre homme se trouva embarrassé, la cravate s’était prise dans le pédalier et la victime désespérée ne pouvait plus rien faire. Yves avec son flegme habituel dit paisiblement, « ne bougez pas, j’ai la solution ». Muni des ciseaux avec lesquels il découpait les rustines il s’approcha tranquillement. Crac, la cravate fut coupée au ras du nœud. Tout éberluée, la victime retrouva la position verticale au milieu des éclats de rire. Il regarda avec regret ce qu’on lui avait enlevé et le peu qui restait content d’être délivré et parti heureux peut être !
D’autres farces restent attachées à sa mémoire et à sa bonhommie.
Un peu plus haut, près du monument aux morts, étaient installés, dans un espace réduit, les coiffeurs Roger et Guy Billard. Père et fils assuraient la coupe des cheveux et de la barbe. Perruquier, barbier – l’un ou l’autre s’affairait qui, avec ses ciseaux et sa tondeuse – qui, avec le « coupe-chou ».

C’était le dimanche matin qu’avait lieu cette cérémonie. Ce fameux « coupe-chou » était le rasoir à main muni d’une lame tranchante affûtée sur un cuir ou sur une pierre à huile. Le manche qui se repliait à l’arrière permettait de l’avoir en main – puis ce fameux manche servait de gaine protectrice de la lame en le ramenant vers l’avant. Le visage tout barbouillé de savon à barbe le blaireau entrait en action pour frotter et répartir la mousse.
Véritables clowns blancs les clients restaient sérieux et rigides sur leur chaise. Peut être redoutaient-ils un faux mouvement de la main.

On n’a jamais entendu parler de victime !! alors… on a attendu le rasoir mécanique avec l'invention de King Camp Gillette en 1895 et son rasoir de sûreté puis le rasoir électrique.


Courcôme a connu plusieurs salons de coiffure Aymard-Trichet, Nivet.
La mode des indéfrisables avait détrôné les fers à friser.